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LES SAISONS SUR LA PLANÈTE MARS.

D. — Conclusions.

Cette analyse comparée des saisons sur la Terre et sur Mars nous conduit aux conclusions suivantes :

Les saisons de Mars sont à peu près de même intensité que les nôtres, mais près de deux fois plus longues.

La saison chaude dure 381 jours sur l’hémisphère boréal, et la saison froide a la même durée sur l’hémisphère austral.

La saison froide dure 306 jours sur l’hémisphère boréal, et la saison chaude a la même durée sur l’hémisphère austral.

Chaque hémisphère reçoit pendant son été 63 pour 100 de la chaleur annuelle totale, et 37 pour 100 pendant son hiver.

Les saisons de l’hémisphère austral sont en plus grand contraste que celles de l’hémisphère boréal.

Les neiges polaires de la planète Mars varient suivant les saisons. Elles atteignent leur maximum de trois à six mois après le solstice d’hiver de chaque hémisphère et sont réduites à leur minimum également de trois à six mois après leur solstice d’été. De même que sur la Terre, les années ne se ressemblent pas.

Dans les deux hémisphères, la neige polaire paraît atteindre, en hiver, 45o à 50° de diamètre et se réduire, en été, à 4° ou 5°. Nous n’en pouvons rien conclure sur les effets de l’excentricité de l’orbite pour chaque hémisphère. Des observations plus complètes sont très désirables.

En dehors des glaces polaires, des chutes de neige ont été observées dans les régions tempérées, et parfois même jusqu’à l’équateur. On a vu dans l’hémisphère boréal des traînées en spirale venant du pôle, indiquant des courants atmosphériques influencés par le mouvement de rotation de la planète.

La calotte polaire boréale paraît centrée sur le pôle. L’australe en est éloignée à 5°,4, ou 340 kilomètres, à la longitude 30°, de sorte qu’aux époques de minimum le pôle sud est entièrement découvert : la mer polaire est libre.

La climatologie du monde de Mars offre les plus grandes analogies avec celle de la Terre : ses conditions paraissent plutôt meilleures. L’éloignement de Mars du Soleil et la légèreté de son atmosphère, due à l’infériorité de sa masse, sont compensés par des conditions physiques plus favorables que les nôtres.

La théorie de la variation séculaire des climats terrestres fondée sur l’excentricité de l’orbite, proposée par Adhémar, reprise par James Croll sur d’autres bases, n’est pas confirmée par l’examen de Mars. Cette planète a une excentricité cinq fois et demie supérieure à l’excentricité actuelle de la Terre,