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LA PLANÈTE MARS.

La première comparaison que nous puissions faire des neiges boréales et australes est fournie par les observations de Beer et Mädler en 1837 ; ce sont des époques d’oppositions aphéliques, pendant lesquelles la planète nous présente son pôle boréal. Ces époques sont moins bonnes que les premières pour les observations, puisque la planète est alors beaucoup plus loin de la Terre ; mais les observateurs avaient en partie suppléé à cet éloignement en se servant d’un instrument beaucoup plus puissant que le premier, supportant un grossissement double et ayant six fois plus de lumière.

« Dans toutes les observations, sans exception, écrit Mädler, du 12 janvier au 22 mars, la tache blanche du pôle boréal a été visible à un degré de clarté que nous ne nous rappelons pas avoir jamais vu dans celle du pôle austral ; en même temps, elle était considérablement plus grande que l’australe de 1830, et elle était si brillante que l’on aurait pu croire que la planète était, à cet endroit-là, couverte par une autre planète. Une tache foncée l’entourait.

» On a pu reconnaître une trace certaine de la neige australe. En raison de l’inclinaison de ce pôle, alors invisible pour la Terre, il fallait que cette neige atteignît au moins le 55e degré de latitude pour être visible. Il en résulte qu’en février et mars 1837, la neige australe était beaucoup plus étendue qu’en septembre et octobre 1830. On a la proportion suivante :

 Diamètre.
Neige australe, 1830. Solstice d’été
7 ±
Neige australe,» 1837. Solstice d’hiver
70° ± °.

Mais les observateurs peuvent avoir pris les îles neigeuses australes pour le pôle.

Quant aux neiges boréales, les mêmes observateurs ont trouvé :

1837.  12 janvier, 0,27 du diamètre de la planète,
ou 31°,4 du globe de Mars,
ou 74°,3 de latitude pour sa limite.

Ainsi, « la neige boréale, en 1837, à l’époque de son été, était beaucoup plus étendue que la neige australe en 1830, à l’époque également de son été ; mais elle était beaucoup plus petite que la neige australe de 1837, à l’époque de son hiver » (en admettant que les observateurs aient vraiment vu la neige du pôle sud, ce qui n’est pas probable).

Ils concluent que « la neige du pôle sud varie en proportion beaucoup plus grande que celle du pôle nord ».

Mais ces observations ne sont pas suffisantes pour décider.

Nous aurions, provisoirement :

 Herschel. Schrœter. Mädler.
Pôle sud. Variation
10° à 60° 6° à 50° 6° à 70°

Les maxima sont très incertains. Les observations continuèrent en 1839 pour la neige boréale.