Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
LA PLANÈTE MARS.

Pour avoir les temps des autres retours de la partie moins claire dans l’hémisphère exposé à la Terre, on ajoutera au 4 juin continuellement 37 jours, et on aura le temps du second au 11 juillet, le troisième retour sera au 17 août, le quatrième au 23 septembre et le cinquième au 30 octobre. Le 12 juillet, elle parut à peu près comme au commencement de juin ; mais depuis le 12 août, qui est le temps du troisième retour, jusqu’au 22 du même mois, elle a été moins claire et moins étendue, de sorte que cette troisième fois elle paraissait diminuée par rapport à ce qu’elle avait été le 4 juin et le 12 juillet. Cependant, sur la fin d’août, elle aurait dû paraître plus grande et plus belle par raison d’optique, à cause que Mars était pour lors plus proche de nous que dans les apparitions précédentes, ce qui fait voir qu’elle était diminuée réellement.

Dans le quatrième retour, qui tombe au 23 septembre, non seulement elle avait encore diminué comme dans les jours précédents, mais elle avait disparu, ayant été entièrement invisible depuis le 16 septembre jusqu’au 26 du même mois ; cependant 37 jours après, c’est-à-dire le 30 octobre, lorsque les mêmes parties du disque qui, le 23 septembre, avaient été exposés à la Terre, devaient retourner au même endroit, ainsi que nous l’avons vérifié par le retour des taches obscures et que par conséquent la tache claire devait être invisible, elle parut de nouveau, l’ayant observée le 28 octobre, le 3 novembre, le 5 et le 9, c’est-à-dire deux jours avant le temps marqué par la période, et trois jours après. Ainsi, il n’y a pas lieu de douter qu’on l’aurait vue aussi le 30 octobre aussi bien que les jours précédents et suivants, à cause de la grande étendue qu’elle occupait, si ce jour-là le ciel eut été serein.

On voit donc par ces observations que de toute la clarté répandue autour du pôle méridional il y en avait une grande partie qui, pendant plus de six mois que nous l’avons observée, a paru toujours avec beaucoup d’éclat, au lieu que l’éclat de l’autre partie qui était dans l’hémisphère opposé a été sujette à des variations, ayant paru assez claires en juin et juillet, et ayant ensuite diminué d’éclat et d’étendue jusqu’à disparaître entièrement au mois d’août et de septembre, dans le temps même que Mars était plus proche de nous.

Cette diversité d’apparences dans une partie de la tache située proche du pôle méridional marque qu’il y a eu quelque changement physique dans la matière qui forme la clarté, ou bien que l’inclinaison de l’axe de la révolution de Mars a été sujette à quelque variation.

Mais il faut remarquer que, si la diversité d’apparences et la disparition de cette partie de la tache claire de Mars avaient été causées par la différente inclinaison de l’axe, les autres taches obscures situées vers le milieu du disque auraient dû paraître en même temps plus proches qu’auparavant du bord méridional, ce qui n’est point arrivé, ayant paru au même endroit, sans aucune diversité sensible, autant que nous l’avons pu remarquer. Il y a donc lieu de croire qu’elle est arrivée par quelques changements physiques.

Il est vrai que ces changements doivent être supposés bien grands et subits pour qu’ils fassent de si loin les apparences que nous avons remarquées, mais