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LA PLANÈTE MARS.
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frappée directement par les rayons du Soleil à l’époque du solstice, on n’observe rien d’analogue aux zones de pluies et de calmes équatoriaux terrestres qui accompagnent sur nos mers le mouvement du Soleil en déclinaison. On n’y voit même pas de nuages du tout, pour ainsi dire. La météorologie martienne ne ressemble donc pas tout à fait à la nôtre. On n’y observe presque jamais de tempêtes ni d’aspects cycloniques.

Aux époques solsticiales, un hémisphère paraît presque entièrement consacré à l’évaporation, et l’autre à la condensation. Aux époques intermédiaires, une zone d’évaporation paraît limitée au sud et au nord de deux zones ou plutôt calottes de condensation. La déclinaison du Soleil et la répartition des terres et des mers influent sur la largeur de ces zones suivant les saisons. Les mers ont un ciel généralement plus pur, les îles et les terres, au contraire, condensent l’humidité atmosphérique.

Voilà pour les observations : atmosphère généralement pure, peu de nuages, brumes pendant l’hiver, peut-être le matin, et probablement la nuit, et assez souvent, sans doute, gelées blanches.

Voici maintenant ce que la théorie peut ajouter à l’observation.

La pesanteur à la surface de Mars étant beaucoup plus faible qu’à la surface de la Terre (0,376), tous les corps y pèsent moins dans la même proportion, et l’atmosphère est dans ce cas. Si chaque mètre carré de la surface de Mars supportait la même atmosphère que la nôtre, la pression de cette atmosphère serait réduite dans la proportion précédente, c’est-à-dire que le baromètre, au lieu d’être à 760mm, au niveau de la mer, ne serait qu’à 285mm. C’est la pression que nous trouvons en ballon, à 8000m de hauteur, et c’est celle des montagnes les plus élevées. Au sommet du Mont-Blanc, la pression est de 424mm.

Il est bien certain que l’atmosphère de Mars n’est pas analogue à la nôtre et que l’eau n’y est pas dans les mêmes conditions, car la surface de la planète se trouverait ainsi au-dessous de la ligne du zéro de température, même sans tenir compte de la plus grande distance au Soleil, et nous aurions devant les yeux un globe de glace, ce qui n’est pas. Nous voyons, au contraire, sur Mars les neiges parfaitement limitées, et ces limites varier avec la température, et si l’on considère un hémisphère martien pendant son été, il n’a pas plus de neiges que nous à son pôle : il en a même beaucoup moins. Celles que l’on aperçoit de temps à autre en certains points des régions tempérées sont également fondues[1].

  1. Tout récemment (Knowledge, juin 1892), en réponse à une lettre de M. W. H. Pickering sur les glaciers polaires de Mars, M. Ranyard écrivait : « Nous sommes, semble-t-il, forcés d’admettre ou que les caps polaires de Mars ne sont pas de la neige, ou que la température moyenne des régions équatoriales et tempérées de Mars est supérieure à zéro,