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L’ATMOSPHÈRE DE MARS.

CHAPITRE V.

L’ATMOSPHÈRE DE MARS.
MÉTÉOROLOGIE ET CLIMATOLOGIE MARTIENNES.
LES CONDITIONS DE LA VIE SUR MARS.

L’existence de l’atmosphère de Mars est rendue absolument certaine par l’ensemble des observations. Les témoignages en sont de diverse nature et de diverses valeurs.

Au premier rang, nous signalerons les taches polaires dont l’étendue varie avec les saisons et proportionnellement à la chaleur solaire reçue. Que ces neiges soient de même nature chimique que les nôtres ou toutes différentes, peu importe ici. Le seul fait de leur existence prouve qu’il y a là des transports de vapeurs qui se condensent en précipités blancs et disparaissent sous l’influence de la chaleur pour se reproduire de nouveau pendant la saison froide. Vapeurs tantôt invisibles, comme notre vapeur d’eau atmosphérique, tantôt visibles sous forme de nuées légères, tantôt condensées en neiges variables et sans doute aussi en eaux, en liquides, dans les mers. Ces neiges polaires suffiraient à elles seules pour prouver que cette planète est entourée d’une enveloppe atmosphérique.

Les nuages proprement dits, les immenses agglomérations opaques qui s’étendent dans l’atmosphère terrestre ne se voient pas souvent sur Mars. Mais on y observe des brumes, en apparence fort légères, parfois semi-transparentes, qui voilent fréquemment de vastes contrées, surtout en hiver. Ces brumes, ces troubles de visibilité, sont un second témoignage de l’existence de l’atmosphère.

Un troisième témoignage nous est offert par la graduation lumineuse du disque, du centre vers le contour. La circonférence intérieure du disque de Mars est blanchâtre et les taches sombres s’effacent pour notre vue en atteignant cet anneau pâle. Comme l’hémisphère éclairé est précisément tourné vers nous pendant les périodes d’opposition, il est naturel d’attribuer cette blancheur circulaire à l’accroissement de l’épaisseur atmosphérique sur la sphère relativement à notre rayon visuel et à la lumière solaire réfléchie par cette épaisseur. On pourrait, il est vrai, supposer que le globe de Mars se couvre pendant la nuit d’une couche de gelée blanche, qui fond lorsque le Soleil est assez élevé ; mais, comme cet anneau blanchâtre s’étend aussi bien sur les régions aquatiques que sur les continentales, et que les taches