Notre but en écrivant cet Ouvrage a été surtout d’être utile aux observateurs, et nous avons pensé qu’il était préférable pour eux de le recevoir au moment même de l’opposition périhélique de 1892. Nous n’attendrons donc pas les travaux de cette année-ci pour publier cette synthèse aréographique. D’ailleurs, on peut penser que l’opposition de 1894 donnera aussi des résultats fort intéressants, et l’on ne se déciderait jamais à publier une œuvre du genre de celle-ci si l’on attendait qu’elle fût vraiment achevée, « Transibunt generationes, et augebitur Scientia ».
Au moment où nous mettons la dernière main à ces pages (août 1892), nous possédons déjà nous-même une bonne série d’observations faites pendant l’apparition actuelle de Mars, à notre Observatoire de Juvisy, observations dans lesquelles nous sommes heureux d’avoir eu pour collaborateurs aussi habiles que zélés, MM. Guiot, Quénisset, Schmoll et Mabire. Malgré la grande déclinaison australe de la planète (24°) et sa trop faible élévation au-dessus de notre horizon (17°), des brumes duquel elle se dégage à peine, même à son passage au méridien, plusieurs canaux ont été vus et dessinés, notamment la passe de Nasmyth, fine et déliée, l’Indus, le Gange, le Gigas, l’Iris, le Gorgon, le canal des Titans, celui des Eumenides, le Pyriphlégéton (avec une différence de cours), l’Hiddekel, le Gehon, l’Oxus, l’Oronte, le Phison, le Léthé, la Jamuna. Aucun n’a été vu double : ce fait est conforme à ce qui a été dit plus haut, que les géminations ne se produisent que vers les équinoxes de printemps et d’automne (de Mars), non en été, ni en hiver. Or on a pour 1892 :
| Équinoxe de printemps austral et d’automne boréal : 20 mai. |
| Solstice d’été austral et d’hiver boréal : 13 octobre. |
La planète incline son pôle sud vers la Terre. La calotte neigeuse a constamment diminué depuis les premières observations faites en mai de 42° à 16° (août).
Nous ne citerons des observations qui viennent d’être faites[1], à part les remarques précédentes, que les mesures micrométriques que nous avons cru utile de prendre du diamètre de Mars.
Il y a, en effet, une divergence telle entre les diamètres adoptés, qu’elle nous a paru insoutenable, dans l’état actuel de précision de nos connaissances aréographiques.
- ↑ L’Astronomie en publie le détail chaque mois.
