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C. TERBY. — ÉTUDES NOUVELLES.
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contre, je vis assez bien la Boréosyrte, parfaitement la Nilosyrte et le Népenthès ; également le Protonilus et le lac Ismenius ; le Callirrhoe était plus difficile. L’accord avec la carte était remarquable. L’oculaire 250 seul donnait la netteté voulue, mais il était insuffisant comme force ; 280, 420, 450 et 560 manquaient de netteté, tout en rendant pourtant quelques services. La région blanche Hellas, bien limitée, brillait au bord supérieur, et au bord septentrional, sous le Callirrhoe, régnait également une vive blancheur.

‘Telles sont les seules observations utiles que j’aie pu faire.

Circonstance à noter : la vue de l’observateur semble avoir une influence énorme dans ces recherches délicates. Il est certain qu’une condition essentielle de visibilité des canaux est une netteté irréprochable du contour des taches : n’oublions point que, dans ces circonstances de visibilité, l’image a été comparée à une gravure sur acier. La vue de tous les observateurs ne semble point se prêter à des résultats aussi parfaits, et les premiers dessins de Milan ont même soulevé des objections à cause de leur netteté extraordinaire.

M. Stanley Williams a publié récemment ses observations sur Jupiter pour 1887 et, au lieu d’offrir l’aspect nuageux et vague que l’on rencontre si souvent dans les dessins de cette planète, les figures de l’astronome anglais semblent quelque peu étranges, uniquement à cause de la précision inusitée des contours[1]. Par une heureuse coïncidence, ayant observé Jupiter indépendamment à la même époque, j’ai pu identifier presque tous ces détails.

Or, il se fait que M. Stanley Williams vient d’obtenir le plus magnifique succès en étudiant Mars cette année : il observe au sud de l’Angleterre, avec un télescope à miroir de 6 pouces 1/2, de Calver, et des grossissements de 320 et de 430 fois. À la date du 31 mai, il avait été favorisé déjà au point de pouvoir identifier trente-trois canaux : Cyclops, Eunostos, Hyblæus, Hades, Styx, Cerberus, Tanaïs, Læstrygon, Alcyonius, Ceraunius, Gigas, Chrysorrhoas, Ganges, Nilokeras, Jamuna, Nilus, Indus, Protonilus, Hiddekel, Deuteronilus, Gehon, Léthes, Æthiops, Titan, Erebus, Sirenius, Orcus, Pyriphlégéton, Euphrates, Népenthès, Phison, Asclepius, Triton.

Il avait remarqué la gémination de cinq canaux (Nilokeras, Cerberus, Erebus ou Hades, Titan, Euphrates) et soupçonné celle du Phison.

Enfin l’astronome anglais parle aussi de la Libye ; il l’observa les 18, 20, 21 et 24 mai, aussi le 24 juin ; cette région offrait un éclat très faible le 21 mai ; mais, le 24, elle était plus brillante ; toutefois elle paraissait obscure en comparaison de l’Isidis Regio, plus blanche et plus éclatante.

J’ai remarqué moi-même cette teinte grisâtre de la Libye les 23, 24 et 25 juin, à l’occasion des observations du Népenthès, citées plus haut,

M. Williams signale que les canaux les plus délicats devenaient visibles seulement à leur passage par le centre du disque ; rarement donc on en voyait plusieurs à la fois ; leur observation était généralement d’une grande difficulté.

  1. Voy. L’Astronomie, octobre 1889, p. 361 à 371.