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C. FLAMMARION. — OBSERVATIONS ET CROQUIS.

d’Herschel et la baie du Méridien. En a, le cap Banks est de temps en temps très évident. La mer du Sablier est sombre. Au-dessus de la calotte polaire, mer grise. Bonne image. L’oculaire 400 ne montre ni mieux ni autre chose.

Diamètre : 14″,0. — Passage au méridien à 7h 22m.

Ces observations ne nous apprennent pas grand’chose de nouveau, si ce n’est peut-être qu’il faisait fort beau sur Mars, que les nuages y étaient rares, et sans aller trop loin peut-être, que le vent n’était pas très fort à la surface de la mer du Sablier pendant les observations. En effet, cette mer a constamment paru très sombre. Il n’est pas douteux que l’agitation de la surface d’une mer par le vent n’ait pour effet de rendre cette surface moins unie, moins absorbante pour les rayons solaires, et de la décomposer en millions de petites facettes réfléchissant la lumière incidente et par conséquent donnant à cette surface, vue d’en haut, un ton plus clair que lorsqu’elle est calme et unie. Nous pourrions donc apprécier d’ici l’état de la mer, calme ou agitée, à la surface de la planète Mars. Mais il y a d’autres causes de variations de tons.

Le pôle inférieur ou boréal s’est montré couvert de neiges. Cependant il n’est arrivé à son solstice d’hiver que le 26 novembre. Il est vrai que cet hémisphère boréal de Mars était entré dans son équinoxe d’automne depuis le 3 juillet ; sa saison d’été était donc passée, et sa saison d’hiver commencée.

Nous avons estimé le diamètre de la calotte polaire boréale à 1/14 du diamètre du disque, ce qui correspondrait à 480 kilomètres, et sans doute plutôt à 240, en admettant que l’effet dû à l’irradiation augmente de moitié ce diamètre. Nous avons souvent trouvé ces neiges beaucoup plus brillantes et plus étendues, notamment au mois de juin 1873 où, dans une lunette de 108mm, elles semblaient sortir du disque par irradiation.

Continuées au mois d’août, les observations montrèrent que la neige du pôle inférieur s’accrut lentement, de semaine en semaine. Celle du pôle supérieur resta à peine perceptible. La latitude du centre du disque étant de +6°, il était naturel que l’on vît mieux le pôle boréal que le pôle austral ; mais, comme cette latitude diminuait et que la planète se présentait de plus en plus de face, on aurait dû voir de moins en moins la neige du pôle nord. Elle devint au contraire plus apparente. Donc elle augmentait.

À la fin de septembre et en octobre, on distingua la neige australe, qui mesurait de 25° à 30°. Elle diminua ensuite visiblement. Dans une observation que j’ai pu faire à l’Observatoire de Nice, le 13 décembre, elle mesurait environ 10°, et elle se réduisit encore davantage ensuite.