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LA PLANÈTE MARS.

d’ordinaire des contours mai définis. Leur existence est irrégulière et transitoire. Enfin l’éclat de ces colorations est toujours plus grand près du bord que dans la proximité du méridien central ; c’est exactement le contraire qui arrive pour les taches polaires. Cela est surtout évident pour la tache polaire australe, qui étant sensiblement excentrique à l’égard du pôle, peut changer de distance au bord pendant une rotation de la planète : elle présente toujours son maximum d’éclat lorsqu’elle arrive à son minimum de distance au centre du disque. La tache polaire australe paraît occuper, pendant son maximum, un grand espace de la mer : au contraire, les colorations blanchâtres se produisent sur les continents et sur les îles, jamais sur la mer, comme nous l’avons vu plus haut.

Quant aux taches blanches que nous avons décrites comme étant des ramifications de la tache polaire boréale, et qui ont précédé en 1881-82 la formation de cette tache, nous n’osons rien affirmer ; mais il est avéré que leur plus grande visibilité coïncidait avec le passage au méridien central, et que près du bord elles devenaient invisibles. Cette observation nous conduirait à penser qu’elles sont de nature identique à la tache polaire ; ce serait comme des matériaux épars, qui, réunis en masse, auraient formé la tache polaire proprement dite. Les taches Nix Atlantica et Nix Olympica sont dans le même cas.

Il ne serait pas difficile d’imaginer un ensemble d’hypothèses capables d’expliquer d’une façon plausible ces phénomènes des taches blanches polaires et non polaires, en les mettant en relation avec l’évaporation des mers supposées et avec l’atmosphère de Mars, dont l’existence est indubitable. Je crois cependant plus utile de remarquer que les taches blanches de toute espèce sont, parmi les divers phénomènes de Mars, les plus faciles à bien observer ; elles n’exigent qu’un instrument de moyenne puissance, employé avec une attention très persévérante. Les particularités que j’ai exposées sur ces taches prouvent que c’est là un champ fort intéressant de recherches, très importantes pour l’étude physique de Mars, et sur lequel peuvent s’exercer utilement même les observateurs qui ne peuvent arriver à déchiffrer les détails bien plus difficiles des canaux et de leurs géminations. »

cxxxvi. 1888. — C. Flammarion. Les fleuves de la planète Mars. Changements observés à la surface.

La première de ces deux études établit que, si la planète Mars a des pluies, des fontes de neiges, des condensations aqueuses quelconques, et si l’eau ruisselle à sa surface par des rivières et des fleuves pour revenir à la mer, ces fleuves doivent avoir leurs embouchures élargies, et que ces embouchures pourraient être les baies que l’observation constate, notamment : 1o aux deux pointes de la baie fourchue du Méridien, auxquelles aboutissent l’Oronte, l’Hiddekel et le Gehon ; 2o à la baie Burton, où aboutit l’In-