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SCHIAPARELLI. — LES NEIGES POLAIRES.

résumé, les résultats de mes observations, en commençant par la tache australe :
DATE.   JOURS Avant −   DIAMÈTRE APPARENT
Après + de la
le solstice austral. tache polaire boréale.
 
1877. 23 août
135 29°
1877.» 22 septembre
135 15°
1877.» 24 novembre
+138 1
 
1879. 21 octobre
+159 1
1879.» 28 novembre
+106 1
1879.» 27 décembre
+135 11°

Aux premiers jours de janvier 1880, la tache polaire a commencé à disparaître dans l’hémisphère obscur de la planète ; pendant les années suivantes, elle a toujours été invisible, se trouvant dans l’hémisphère opposé à la vue de la Terre. On a vu souvent, dans le haut du disque, des taches blanches ou blanchâtres ; c’étaient des îles connues, brillant de cette clarté passagère.

La diminution de la tache australe a lieu d’une façon assez régulière.

Il aurait été bien intéressant de fixer l’époque du minimum d’extension de cette calotte australe. Dans mes publications antérieures, j’avais pensé pouvoir fixer ce minimum environ quatre mois après le solstice austral ; mais la base de cette conclusion me parut peu solide. En effet, par des considérations assez plausibles, je crois pouvoir affirmer que, pendant les journées des 17 et 22 janvier 1882 (c’est-à-dire 200 jours après le solstice austral), cette tache ne pouvait avoir plus de 10° de diamètre, si toutefois elle y arrivait. Il est donc possible que le minimum retarde plus de quatre mois sur le solstice austral ; ce qu’on peut affirmer avec certitude, c’est qu’en 1879 il a retardé au moins de quatre mois.

Nous allons considérer maintenant la tache boréale. Comme pour la tache australe, son décroissement s’est fait assez régulièrement par degrés successifs. Il serait naturel de supposer une semblable régularité dans la phase d’accroissement qui a pu être observée. Cela ne s’est point vérifié ; la tache boréale, très petite au commencement de janvier 1882, avait déjà atteint, à la fin du même mois, son diamètre maximum de 45° environ, pour donner lieu immédiatement à une diminution graduelle. Ce fait important mérite quelque explication plus détaillée.

Les oppositions de 1877 et 1879 nous ont montré le pôle boréal constamment caché dans l’hémisphère invisible de Mars. Aucune observation relative à la tache polaire boréale n’a été possible en 1877. Mais, pendant toute la durée des observations de 1879, on a aperçu souvent, près du limbe inférieur du disque, une et quelquefois deux taches blanchâtres qu’on aurait pu, à la rigueur, considérer comme des ramifications de la calotte polaire en question, étendues jusqu’à plus de 30° de distance du pôle boréal. Mais elles n’étaient ni aussi éclatantes, ni aussi bien terminées, ni aussi constantes de position et de contour, que les véritables taches polaires le sont ordinairement. Ces taches étaient au nombre de cinq, disposées en couronne entre 30° et 40° de distance polaire ; leur connexion