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SCHIAPARELLI. — LES CANAUX.
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1882, et autres). De cette ombre finit par se dégager, à certaines époques, une double tache allongée, formant une sorte de gémination composée de deux bandes courtes et larges, qui occupent à peu près la surface de l’ombre ou du lac en question. Voyez dans la Pl. II le Trivium Charontis et le Lacus Lunæ ainsi transformés. Autant que j’ai pu m’en rendre compte jusqu’à présent (ces observations étant de la plus grande difficulté), la direction de cette gémination change considérablement d’une époque à l’autre et coïncide tantôt avec un, tantôt avec un autre des canaux doubles qui aboutissent à la région en question. Ce fait étant de la plus haute importance pour l’histoire des géminations, je rapporterai, avec détails, quelques exemples que j’ai observés.
Fig. 232.  Fig. 233.
Dédoublement du lac Ismenius, le 23 déc. 1881, dans le sens de l’Est à l’Ouest. Dédoublement du même lac, le 27 mai 1888, sous forme de deux petits lacs circulaires.

Le lac Ismenius est formé, dans son état ordinaire, d’une tache sombre de forme ovale, allongée dans la direction du parallèle. Le 23 décembre 1881, je l’ai trouvé divisé en deux bandes qui formaient une courte gémination, étendue dans la direction du Protonilus qui était double aussi. Protonilus et Ismenius auraient pu être considérés comme formant une seule gémination, mais les bandes de l’Ismenius étaient beaucoup plus larges, ainsi qu’on le voit dans le croquis ci-dessus (fig. 232). Le 27 mai 1888, un semblable phénomène eut lieu ; mais la division en deux bandes suivait cette fois la direction de l’Euphrates, qui était double (voir la fig. 233). Les dimensions de l’Ismenius dans la direction de l’Euphrates étant peu considérables, les bandes n’étaient pas plus longues que larges ; en un mot, la gémination prit la forme de deux petites taches presque rondes, juxtaposées et alignées dans la direction du Protonilus. Plus tard, le Protonilus étant doublé aussi bien que l’Euphrates, je m’attendais à voir l’Ismenius divisé en quatre ; cela n’est point arrivé. Le 4 juin, le lac avait repris sa forme ovale d’autrefois, avec des contours ombrés et peu définis.

Le Trivium Charontis n’existait en 1879 que comme point de rencontre des canaux Læstrygon, Styx, Cerbère et Tartare, seuls visibles alors dans cette région. En 1881-82, les intersections de canaux se multiplièrent dans cet endroit, le tout étant enveloppé d’une ombre confuse assez étendue, quoique mal terminée. En 1884, cette ombre se divisa en deux bandes très fortes, allongées exactement dans la direction de l’Orcus. En 1888 (13-15 juin), la division en deux bandes existait, mais leur orientation suivait la direction de l’Erèbe. L’un et l’autre système de