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PH. GÉRIGNY. — LES MARÉES SUR MARS.

beaucoup plus faibles que celles que l’on observe dans la Méditerranée : ils ne représentent qu’une fraction infime de la marée solaire de Mars, pour laquelle le calcul donne une protubérance de 52mm, soit à peu près le cinquième de la marée solaire sur la Terre.

Si donc les satellites sont aussi petits que nous l’avons supposé, il faut renoncer à attribuer aux marées une influence appréciable sur les phénomènes d’inondation dont nous avons été témoins ; mais les dimensions admises sont peut-être bien au-dessous de la réalité, et la hauteur des protubérances est proportionnelle à la masse du satellite correspondant, c’est-à-dire au cube de son diamètre. Si l’on double les dimensions adoptées, ce qui porte les diamètres à 24 et 20 kilomètres, les protubérances deviennent huit fois plus grandes, c’est-à-dire

14mm,35  et  8mm,40,
10mm,704  et  0mm,666.

En admettant le triple pour les diamètres, soit 36 et 30 kilomètres, les chiffres primitifs seront multipliés par 27 et deviendront

48mm,43  et  28mm,46,
42mm,38  et  22mm,21.

Les marées dues au second satellite restent négligeables ; mais celles du premier deviennent comparables à la marée solaire. Enfin, si l’on multiplie les diamètres primitifs par 10, ce qui donne 120 et 100 kilomètres, diamètres encore bien petits pour des astres visibles à la distance de Mars et dans sa proximité immédiate, les hauteurs primitives seront multipliées par 1000 et deviendront :

1m,79  et  1m,05,
0m,088  et  0m,082.

Les marées dues au second satellite restent encore bien faibles ; mais celles du premier atteignent le double des marées océaniques terrestres.

Il résulte des calculs précédents que le second satellite est, en toute hypothèse, sans influence appréciable, son action n’étant guère que la vingtième partie de celle du premier ; mais celui-ci, si sa masse est assez forte, peut donner naissance à des marées au moins aussi importantes que celles que nous observons dans nos mers.

Comme nous l’avons fait remarquer plus haut, la hauteur de la protubérance de la surface de niveau n’est qu’un des éléments qui interviennent dans le phénomène des marées. La mer ne prend jamais son équilibre ; mais la masse liquide exécute, sous l’attraction du satellite, une série d’oscillations dont la durée est égale au temps qui s’écoule entre deux retours consécutifs du satellite au même méridien et naturellement, dans cette oscillation, elle dépasse sa position d’équilibre, de sorte que la hauteur de la marée est nécessairement plus grande que celle de la protubérance. Il est assez naturel d’admettre que, plus les oscillations