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HOLDEN, SCHÆBERLE, KEELER. — OBSERVATIONS.

Mars, par un astronome distingué et accoutumé depuis longtemps aux observations, M. Holden, le sympathique directeur de l’Observatoire du mont Hamilton. L’immense objectif de 0m,91 d’ouverture libre a donné les meilleurs résultats dans les mesures d’étoiles doubles et possède une remarquable puissance de définition. Eh bien, il faut avouer que les dessins obtenus par MM. Holden, Schæberle et Keeler, à l’aide de ce colossal équatorial armé de grossissements de 350 et 700 fois, ne correspondent ni avec ceux de M. Schiaparelli à Milan, ni avec ceux de M. Perrotin à Nice. Chaque astronome a-t-il donc, au physique comme au moral, sa « manière de voir » ? Pourtant, il y a des limites à l’équation personnelle. L’Astronomie est la science la plus exacte entre toutes ses sœurs. Il ne faut pas qu’elle perde son renom. Et elle ne peut pas le perdre. Les observateurs peuvent différer dans certaines appréciations de nuances, d’étendue, de formes, de positions même, lorsqu’il s’agit d’aspects à peine perceptibles, mais vraiment nous ne pouvons pas admettre que nous voyions des choses qui n’existent pas.

Les observations de la planète Mars n’ont pu commencer à l’Observatoire récent du mont Hamilton que le 16 juillet 1888, c’est-à-dire plus de trois mois après l’opposition, qui avait eu lieu le 11 avril, La planète était déjà très éloignée de la Terre, diminuée à un disque inférieur à 9″, et à une distance zénithale de 60°. Ce ne sont pas là assurément de fort bonnes conditions. Cependant les satellites étaient bien visibles.

Du 16 juillet au 10 août, les astronomes de Californie ont pu faire, entre autres, vingt et un dessins de la planète. Nous choisissons parmi ces dessins une série de huit pour être offerte à nos lecteurs. Le Directeur de l’Observatoire Lick reconnaît lui-même qu’ils ne concordent pas avec ceux que nous avons publiés. « Pour la Libye, en particulier, écrit M. Holden, nos observations des 25, 26, 27, 29 et 31 juillet, qui s’accordent bien entre elles, diffèrent matériellement de celles de Nice faites en avril et mai, et publiées par L’Astronomie de juin 1888, p. 214. Nos dessins montrent cet aspect à peu près tel que M. Schiaparelli l’a vu en 1877 et 1878. »

Considérons notamment les dessins 1, 2, 3 et 4 (fig. 227). Les longitudes du méridien central de ces disques sont respectivement 305°, 310°, 318° et 278°, c’est-à-dire que la mer du Sablier, qui est à droite du méridien central sur le premier de ces dessins, arrive juste au centre sur le second, l’a un peu dépassé sur le troisième, et un peu plus encore sur le quatrième.

Il est impossible de regarder avec un peu d’attention ces quatre vues de Mars, prises respectivement le 27 juillet, à 8h 0m, — le même jour, à 8h 15m, — le 26, à 8h 10m, — et le 29, à 7h 28m, sans être frappé de leurs dissemblances. Ainsi, par exemple, la fig. 1 et la fig. 2 ont été faites à peu près à la même heure et au même instrument, la première, à 8h 0m, par M. Holden, la se-