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LA PLANÈTE MARS.

la position de l’astre et la transparence atmosphérique. Dans un cas comme dans l’autre, il est bien difficile de mettre en doute la valeur de ces observations.

Pourtant, dès que le gigantesque équatorial de près d’un mètre de diamètre (0m,91 d’ouverture libre) du nouvel Observatoire du mont Hamilton fut installé, les astronomes de cet Observatoire se sont empressés de le diriger sur Mars pour vérifier ces belles découvertes, et n’y sont pas parvenus. On a bien vu des « canaux », mais larges, vagues, à peine identifiables, et jamais dédoublés.

Il faut donc admettre que M. Schiaparelli a une vue extraordinaire, une persévérance qui sait attendre très longuement les plus fugitifs moments de visibilité parfaite, et, en troisième lieu, un excellent instrument. Nous l’'admettons.

Mais que conclure de ces merveilles ?

C’est ce que nous examinerons à la seconde Partie de cet Ouvrage, à laquelle nous renvoyons aussi les dissertations générales que nous avons publiées à propos des observations précédentes[1].

cxxxii 1888. — Holden, Schæberle, Keeler. Observations faites à l’Observatoire Lick à l’aide de la plus puissante lunette du monde[2].

Ces observations sont faites pour nous désespérer. Plus on consacre de temps, d’études et de soucis à l’analyse des observations nombreuses et variées faites sur cette mystérieuse planète, et plus on est embarrassé pour en déduire une opinion définitive. Et pourtant, il n’y a pas d’autre moyen de nous instruire sur ce point. Des observations, encore des observations, et toujours des observations. Examinons, comparons, discutons. Mais nous ne pouvons pas sortir de là. Ah ! il serait facile d’éviter tout tracas. Ce serait de regarder comme non avenues les observations qui ne concordent pas avec les dessins les plus sûrs, avec les configurations certaines des taches de la planète, et de ne pas s’inquiéter des divergences, en les attribuant tout simplement à des erreurs. Ce serait là un moyen commode et expéditif. Mais il serait dangereux de l’employer ; car ce sont peut-être précisément ces divergences, ces difficultés, qui nous mettront sur la voie de déterminer les caractères physiques spéciaux de cette singulière et énigmatique planète.

La plus puissante lunette du monde a été appliquée à l’étude du globe de

  1. Voy. L’Astronomie, novembre 1888, p. 416.
  2. L’Astronomie, mai 1889, p. 180.