Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/437

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
425
SCHIAPARELLI. — OBSERVATIONS NOUVELLES.

12″ de diamètre. Non seulement j’ai confirmé la gémination du Népenthès (quantum mutatus ab illo !) et la réapparition du lac Triton de 1877, mais j’ai revu aussi le lac Mœris réduit à un très petit point, mais toutefois parfaitement visible et à peine séparé de la Grande Syrte. Hephæstus a disparu tout à fait. La Nilosyrte n’avait aucune interruption ; il est vrai cependant que, dans la Syrtis Magna, les derniers jours de mai, on voyait une petite île assez brillante (Œnotria) qui, avec les grossissements faibles, produisait l’apparence d’une espèce de pont ; mais cela disparaissait avec 500. Maintenant, ce phénomène a cessé tout à fait et Œnotria n’est presque plus visible. L’Euphrate est encore double tout entier, mais il n’est plus aussi évident que le 27 et le 30 mai. Cependant hier il se prêtait encore assez bien, les deux traits un peu estompés et la partie du dessous du lac Ismenius mieux que la partie au-dessus… Callirrhoe et Protonilus sont deux géminations très étroites, mais géométriquement parfaites et très noires, Callirrhoe surtout ; avec le grossissement de 650 cela se voit sans le moindre doute. Les deux traits de Callirrhoe sont égaux ; dans le Protonilus, le trait supérieur est beaucoup plus mince que l’inférieur, quoique parfaitement tracé. Le Phison est double, à peu près comme Euphrates ; Astaboras double aussi, mais plus visible à gauche du Phison. Tiphonius et Orontes simples ; simple aussi une ligne nouvelle marquée x sur le dessin.

L’Oxus a faibli beaucoup, et dernièrement je ne le voyais plus, tandis que l’Indus a reparu. L’Hiddekel est presque invisible ; le Gehon est un peu enfumé, il va à un petit lac, d’où sortent deux lignes à droite vers le Lacus Niliacus. Mais, ce qui est le plus extraordinaire et le plus inattendu, ce sont les changements survenus depuis un mois dans la Boréosyrte et dans les régions environnantes ; l’esquisse que j’en donne n’est pas définitive, car il y a quelques petits détails sur lesquels j’ai besoin de répéter encore mon examen ; cependant leurs géminations et leur disposition sont hors de doute. Quel étrange enchevêtrement ! Que peut signifier tout cela ? Évidemment la planète a des détails géographiques fixes, semblables à ceux de la Terre, avec golfes, canaux, etc., à plan régulier. Vient un certain moment, tout cela disparaît pour faire place à ces grotesques polygonations qui, évidemment, s’attachent à représenter approximativement l’état antérieur, mais c’est un masque grossier et je dirai presque ridicule, L’étude du Népenthès, sous ce point de vue, est fort instructive, et ce qui arrive dans la Boréosyrte est du même genre ; seulement ici la grande obliquité de la vue rend l’étude plus difficile. C’est en vain qu’en 1884 et en 1886 j’ai tâché de démêler avec le 8 pouces ce qui arrive dans cette région. Il fallait le 18 pouces pour cela.

Voilà certes des observations qui paraissent faites avec la plus rigoureuse précision. Comment penser que l’auteur d’une analyse aussi soignée soit dupe d’illusions ? L’application de son équatorial aux mesures d’étoiles doubles comme à l’examen des détails de la géographie martienne, témoigne que les résultats obtenus correspondent aux grossissements employés, selon