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LA PLANÈTE MARS.

sa gémination, de sa forme exacte par des dessins que M. Schiaparelli a bien voulu m’envoyer pour m’amener à la vérifier ; cet astronome croyait que je l’aurais vu avec quelque facilité. Malgré tous mes efforts, et j’y ai mis de l’obstination, je n’ai pas vu trace non seulement de la gémination, mais même de l’Euphrate. Il n’en a pas été de même du Phison, comme vous le savez déjà.

Chaque dessin est le résultat de plusieurs jours d’observations ; tous les détails n’ont donc pas toujours été vus en même temps.

J’ai rarement pu dépasser le grossissement de 280 à 300 fois, ou, si je l’ai dépassé, ce fut sans utilité réelle, à cause des conditions abominables d’observation de cette année. Vous savez que j’ai fait un nombre très grand de dessins ; j’ai choisi ceux qui présentent le mieux la plus grande partie de la surface. Voici les régions observées :

Fig. 220, A (12 mai, 9h 18m). — Au centre, Trivium Charontis, sous forme de tache plus noire, qui se prolonge, vers le bas, par Erebus, vers le haut, par Cerberus, et vers la droite, par Styx perpendiculaire à Cerberus ; le reste du contour d’Elysium s’achève par l’Eunostos et l’Hyblæus. En haut figure la mer Maraldi avec le Sinus Titanum près du bord gauche et la baie de Læstrygonum dans le diamètre vertical ; un filament réunit cette dernière baie à Cerberus, c’est l’Antæus. Les deux rectangles gris dans le quart inférieur droit du disque sont la Propontide. On voit le filet noir dans la tache polaire, dans la position qu’il occupait le 12 mai, à 9h 15m. La fig. 222 en montre le déplacement par la rotation jusqu’à 10h 48m. La fig. 223 donne l’aspect de la tache polaire pour le 13 mai.

J’ai observé également des points blancs au bord inférieur, sur le prolongement de l’Erebus ; quand ils arrivaient au bord, ils brillaient et débordaient comme la tache polaire. Un troisième point blanc a déjà disparu au bord au moment de ce dessin. On distinguera les régions blanches et les régions rougeâtres. Le Cerberus m’a paru souvent rosé, ainsi que tout le périmètre d’Elysium.

La fig. 220, B (9 mai, minuit), montre, un peu au-dessus du centre, le confluent du Triton, du Thoth et du Népenthès ; en bas, Alcyonius ; à gauche, Elysium. L’Eunostos, le 12 juin, se prolonge par une ligne fumeuse jusqu’au Thoth.

Fig. 220, C (29 avril, 8h 16m). — Triple confluent du Triton, du Thoth et du Népenthès à gauche du centre ; Libye bien visible, Mare Tyrrhenum très pâle. Astusapes visible ; Protonilus avec Ismenius lacus au bord droit ; un peu plus bas Callirrhoe. Au méridien central : Nilosyrtis et Boreosyrtis. L’interruption dans Nilosyrtis, au centre, doit avoir été une illusion ou l’effet d’un nuage dans l’atmosphère de Mars, car M. Schiaparelli a fixé toute son attention sur ce fait avec son 18 pouces, lorsque cette région s’est de nouveau prêtée à l’observation et il ne l’a pas confirmé. En haut brille une très petite tache neigeuse.

Fig. 220, D (29 avril, 11h 38m). — Hellas bien visible au bord gauche ; on voit la baie du Phison ; la baie fourchue dédoublée très bien par moments au mois d’avril ; puis le golfe des Perles ; Edom promontarium très blanc. Le Phison