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LA PLANÈTE MARS.

Nous n’avons pu distinguer aucun « canal » à l’aide de notre équatorial de 0m,245, Nos dessins de cette année exposent simplement, comme nos croquis antérieurs, le canevas général de l’aréographie. Nous n’avons représenté que ce que nous sommes absolument sûr d’avoir vu, et rien de ce qui nous a paru douteux. La planète était alors fort bien placée pour l’observation de son pôle boréal, dont la connaissance laisse encore beaucoup à désirer. Le solstice d’été de cet hémisphère ayant eu lieu le 16 février, la fonte des neiges polaires a dû réduire la glace à son minimum à la fin de mai. Il en est toutefois resté une quantité très sensible, comme nous le disions tout à l’heure, et comme on peut en juger par les quatre dessins reproduits ici (fig. 219), pris le 2 juin, de six à neuf heures du soir.

À propos de ces heures, il n’est peut-être pas inutile de remarquer ici que, lorsque l’air est calme et transparent, les vues prises de jour, en plein soleil, sont aussi belles, aussi nettes, que celles de nuit.

Dans le premier de ces dessins (A = 6h 0), la mer du Sablier venait de passer par le méridien central ; on remarquait au-dessous une trace de son prolongement, vers l’Est (passe de Nasmyth), et, plus bas, la mer polaire boréale ; la mer du Sablier était de beaucoup la plus sombre ; le pôle inférieur était d’une éclatante blancheur, les continents d’Herschel et de Beer, bien évidents, étaient colorés d’un ton jaune d’ocre bien clair, les mers grises et très variées de tons, et au sommet du disque, vers les terres Cassini et Webb, les régions étaient blanchâtres (nuages ou neiges sur l’hémisphère austral ?). Le reste du disque paraissait très pur et sans nuages. On ne remarquait aucune trace des inondations signalées à l’Ouest ou à gauche de la mer du Sablier, et il en a été de même dans toutes nos observations du mois de juin.

Dans le second de ces dessins (B = 7h 0), cette même mer est plus avancée vers l’Ouest ; on remarque la terre de Laplace.

Dans le troisième (8h 0), la mer atteint presque le bord occidental du disque et la baie du Méridien arrive par l’orient ; la mer Knobel se montre au-dessus du pôle ; la région supérieure du disque est toujours blanchâtre.

Dans notre quatrième dessin (D), pris à 9h du soir, la baie du Méridien vient de traverser le méridien central ; on devine, au-dessus du pôle, à l’est de la mer Knobel, la terre de Ross et une mer qui semble envelopper le pôle.

Cette journée du 2 juin et celle du 3 (dans laquelle le thermomètre s’est élevé jusqu’à 33° à l’ombre) ont été remarquables par la transparence de l’atmosphère et par le calme des images. Ces observations ont été faites avec un grossissement de 400[1].

  1. L’Astronomie, juillet 1888, p. 251.