En rapprochant ainsi les principales circonstances que présentent les canaux de Mars de celles qui ont été observées sur nos glaciers, on remarquera que les analogies et les ressemblances entre les deux ordres de phénomènes sont réellement assez marquées pour que l’on puisse, avec une grande probabilité, rapporter les uns et les autres à une même cause, l’état glaciaire.
On est donc conduit à l’hypothèse de l’existence à la surface de Mars d’immenses glaciers, analogues à ceux de notre globe, mais d’une étendue beaucoup plus considérable encore, et dont les mouvements et les ruptures doivent être également plus prononcés. On doit remarquer, en effet, que la longue durée des saisons sur la planète (double de celles de la Terre) favorise manifestement le développement et le bouleversement périodique des masses glacées, sous l’influence des dilatations et contractions dues aux changements de la température ; effets auxquels il faut joindre ceux qui résultent de la faible pesanteur à la surface de la planète (410 de celle de la Terre).
Mais, d’autre part, l’hypothèse dont il s’agit va-t-elle s’accorder avec plusieurs circonstances bien connues de la constitution physique de la planète ?
Et d’abord les distances au Soleil de Mars et de la Terre étant comme 3 à 2, les intensités du rayonnement sont comme 4 à 9 ; le rayonnement solaire est donc sur Mars 49 de ce qu’il est sur la Terre. Sans vouloir décider ici ce que deviendraient nos climats si le Soleil ne nous envoyait plus que les 49 de ses rayons, on peut assurer que toutes les températures moyennes seraient fort abaissées et que la plus grande partie de notre globe entrerait dans une période glaciaire. La température de Mars doit donc être bien plus basse que celle de la Terre, même en attribuant à la planète une atmosphère semblable à la nôtre.
De plus, on a des motifs sérieux de penser que l’atmosphère de Mars est moins développée que celle de la Terre.
D’abord, l’absence de bandes équatoriales montre que des mouvements atmosphériques réguliers ne se produisent pas là comme sur notre globe ; ce qui paraît indiquer une atmosphère d’une étendue plus limitée et, par suite, moins propre à absorber et à conserver la chaleur solaire que l’atmosphère terrestre.
Ensuite, on peut remarquer que la lumière de Mars présente une teinte rouge, reconnue de tous temps et par tous les observateurs. Or cette couleur rouge fournit une nouvelle preuve que l’atmosphère de Mars n’a pas une constitution