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LA PLANÈTE MARS.

une grande objection : c’est que ces « canaux » ne commencent nulle part, vont d’une mer à l’autre, sont rectilignes et entrecroisés… Ces fleuves, si fleuves il y a, ne ressemblent donc pas aux nôtres. L’auteur, profitant des critiques qui lui avaient été adressées pour ne pas répéter plusieurs fois les mêmes noms et faire la part moins exclusive aux Anglais, a modifié les dénominations de sa première carte. Le mieux eût été pour lui de s’en tenir à la carte de Green.

Les conclusions de Proctor sur la planète Mars sont qu’elle est plus avancée que la Terre dans son existence astrale ; qu’elle ne possède plus depuis longtemps aucune chaleur propre ; que la chaleur reçue du Soleil est plus de moitié inférieure à celle que la Terre reçoit ; que cette chaleur y produit un climat spécial, assez froid, car il y aurait dans les régions tempérées de la gelée blanche et peut-être de la neige toutes les nuits, fondue tous les matins ; que l’atmosphère est très raréfiée ; que les océans sont sans doute gelés et les fleuves aussi, la plupart du temps. L’auteur ne paraît pas penser que l’atmosphère de Mars pourrait être constituée autrement que la nôtre et posséder des gaz et des vapeurs capables de conserver la chaleur reçue du Soleil et d’agir comme une serre un peu moins diathermane que l’atmosphère terrestre, gardant les rayons obscurs, et donnant à la planète une température moyenne peu différente de celle de la Terre.

cxxvi. 1888. — Perrotin. Les canaux de Mars. Nouveaux changements. Inondation de la Libye.

« Il m’a été possible, par de très bonnes images, écrit l’auteur[1], de revoir, avec notre grande lunette (équatorial de 0m,76), une partie des canaux de Mars que j’avais observés en 1886.

» Ils sont à la place où je les ai vus à cette époque et présentent les mêmes caractères : ils se projettent sur le fond rougeâtre des continents de la planète, suivant des lignes droites sombres (des arcs de grand cercle probablement), les unes simples, les autres doubles, — les deux composantes, dans ce dernier cas, étant, le plus souvent, parallèles, — se coupant sous des angles quelconques et paraissant établir des communications entre les mers des deux hémisphères ou entre les diverses parties d’une même mer, ou bien encore entre les canaux eux-mêmes.

» Leur aspect est en général le même qu’en 1886. Pourtant, quelques-uns paraissent plus faibles, d’autres ont peut-être disparu en partie.

  1. Comptes rendus de l’Acad. des Sciences, 14 mai 1888. — L’Astronomie, 1888, p. 213.