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LA PLANÈTE MARS.

cxxv. 1888. — Proctor. Les canaux de Mars. Nouvelle carte de la planète. Derniers travaux[1].

À la séance de la Société astronomique de Londres du 13 avril 1888, M. Proctor a communiqué la note suivante sur les canaux de Mars[2] :

Mars devrait être soigneusement observé en juin et juillet prochain pour le dédoublement des canaux, car l’automne martien approchera. Considérant ces curieuses raies sombres doubles (ou plutôt les raies claires entre elles et les raies plus faibles de chaque côté) comme des images de diffraction des fleuves lorsque le brouillard reste suspendu sur leurs lits, comme je l’ai interprété depuis quatre ans, nous pouvons nous attendre à revoir le phénomène à l’approche de l’automne ou après le commencement du printemps, pour l’hémisphère nord, dans lequel ces doubles canaux se montrent principalement.

Je suppose que personne ne regarde ces doubles canaux comme des réalités ; mais, d’un autre côté, on ne peut pas non plus voir en eux des illusions d’optique. Si nous les considérons comme des phénomènes de diffraction, c’est-à-dire comme des produits optiques, as optical products, nous trouvons une explication de leurs variations d’aspects (puisque, lorsque les fleuves paraissent sombres, ce qui est le cas ordinaire, sur un fond clair, la duplication ne pourrait pas être observée), de leur synchronisme avec les saisons et du fait qu’ils ne sont visibles qu’aux instruments d’un certain diamètre. Cette dernière considération suggère une méthode effective pour vérifier cette théorie de diffraction.

Il serait désirable que les aspects observés par Schiaparelli fussent vus et dessinés par des observateurs doués d’une véritable habileté artistique. Nul de ceux qui ont vu Mars à l’aide d’un bon instrument ne peut accepter les configurations rudes et anti-naturelles dessinées par Schiaparelli. Les dessins de Dawes, Burton, Knobel, Denning et Green sont beaucoup plus satisfaisants.

Proctor s’est occupé de la planète Mars dans la plus grande partie de ses ouvrages, jusqu’au dernier, dont la publication venait de commencer lorsque la mort arrêta ses travaux. Aux déductions ingénieuses que nous avons déjà publiées de cet auteur (p. 203-207) nous ajouterons ici celles qui sont exposées dans son dernier ouvrage[3].

Toutes les considérations s’accordent pour nous conduire à penser que les taches foncées représentent des mers et les claires (jaunes), des continents.

L’auteur propose d’admettre que la quantité d’eau et d’air doit être proportionnelle aux masses des planètes, et que Mars étant neuf fois moins lourd

  1. R.-A. Proctor, né le 31 mars 1837, est mort le 12 septembre 1888.
  2. Monthly Notices, t. XLVIII p. 307.
  3. Old and New Astronomy, Londres et New-York, 1888.