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LA PLANÈTE MARS.

pas que l’éminent astronome italien ait découvert de si merveilleux détails à la surface de la planète, — car ces détails existent sans aucun doute, — c’est bien plutôt qu’il soit parvenu à observer leur configuration si complexe et si difficile à une époque où Mars se trouvait justement placé dans des conditions particulièrement défavorables pour des observations d’une nature aussi délicate.

» Pendant les derniers mois, la calotte polaire boréale de Mars s’est montrée très brillante ; elle présentait souvent un contraste frappant avec les régions les moins réfléchissantes de la surface. Il y avait aussi d’autres parties du disque notablement brillantes. Ces régions lumineuses de Mars méritent au moins autant d’attention que les parties obscures, car c’est probablement dans leur aspect que des changements peuvent être observés d’une façon bien nette, si tant est qu’il se produise des modifications réelles à la surface de la planète. On n’a pas attaché suffisamment d’importance à ces taches blanches.

» La plupart de nos principaux Traités d’Astronomie attribuent à Mars une atmosphère dense ; pendant mes observations, je n’ai rien vu qui soit de nature à confirmer cette théorie. Il me semble beaucoup plus vraisemblable d’admettre que l’atmosphère de cette planète est extrêmement raréfiée. Les principales taches sont invariablement visibles, et les différences observées paraissent plutôt dues à l’influence de notre atmosphère qu’à celle de Mars. Jupiter et Saturne sont sans doute enveloppés de vapeurs épaisses qui cachent aux yeux terrestres la véritable surface du globe. Les taches qu’on y observe sont atmosphériques, quoique, en certains cas, très persistantes ; elles subissent constamment des modifications d’aspect et des changements de position dus à des courants longitudinaux. Sur Mars, la nature des choses est tout autre. Ici, les aspects observés sont des configurations géographiques incontestables, et elles ne présentent aucune de ces variations qui sont si remarquables parmi les détails de Jupiter. Il est probable que « la plupart, sinon la totalité, des changements qu’on a cru observer dans l’aspect des taches de Mars sont dus tout simplement à la diversité des conditions dans lesquelles la planète a été nécessairement étudiée ». Si les circonstances des observations se trouvaient toujours les mêmes, il y aurait une bien plus grande uniformité dans les résultats obtenus. Le caractère si nettement accusé des taches et leur grande permanence sont tout à fait opposés à l’idée que la planète puisse être entourée d’une atmosphère épaisse et chargée de nuages. »

Telles ont été les intéressantes observations de M. Denning en 1886. Malgré les excellentes raisons invoquées par l’auteur, raisons que nous adoptons sans réserve, nous ne pouvons douter toutefois que la surface de la planète ne subisse des variations réelles, considérables et fréquentes.

À la séance de la Société astronomique de Londres du 14 mai 1886[1], M. Green a fait d’importantes remarques sur les observations de M. Knobel en 1884. Il expose qu’en 1886 il a confirmé plusieurs de ces observations, mais qu’il a trouvé néanmoins certaines différences assez curieuses. M. Kno-

  1. Monthly Notices, 1886, p. 445.