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LA PLANÈTE MARS.

cxxi. 1886. — Denning. Observations et dessins[1].

M. Denning a effectué pendant les mois de mars et d’avril 1886, à son observatoire de Bristol, une série d’observations de la planète Mars, à l’aide d’un télescope à miroir de verre argenté de 10 pouces (0m,254) de With, de Hereford. Les grossissements employés ont été de 252 à 475 diamètres ; mais il n’a pas trouvé d’avantage à se servir du dernier, qui a paru trop fort. En général, l’oculaire grossissant 252 fois a été largement suffisant, quoique, en certaines circonstances, un grossissement de 350 fois se soit montré avantageux.

La planète était en opposition le 6 mars ; mais, pendant les trois premières semaines de ce mois, on eut à subir de fortes gelées et il ne fut guère possible de commencer les observations avant la fin du mois. Il s’en faut de beaucoup que la position de l’astre ait été favorable, tout au moins sous le rapport de ses dimensions apparentes. Mais ce qui fait l’intérêt des observations actuelles, c’est que l’hémisphère boréal, qui jusqu’ici n’a pas été étudié aussi complètement que l’hémisphère austral et qui n’offre pas autant de détails bien nettement caractérisés, se présentait très bien pour l’observation, la latitude du centre du disque étant d’environ 22° N. pendant les mois de mars et d’avril.

Les taches observées étaient à la fois nombreuses et variées ; il y a évidemment une quantité de détails sur la planète ; mais il est extrêmement difficile de les relier entre eux par une représentation satisfaisante. Un grand nombre de taches très faibles frappent l’œil assez distinctement pour qu’on puisse affirmer leur existence ; mais on ne peut pas les distinguer avec assez de netteté et de précision pour reconnaître leurs contours, ou assigner correctement leurs positions relatives. Il n’y a que les traits les mieux prononcés qui puissent être dessinés d’une manière satisfaisante. Le petit diamètre de Mars pendant ces observations a certainement contribué dans une large mesure à l’incertitude de l’aspect physique du disque. Une autre cause de cette incertitude réside dans la rareté des images télescopiques réellement bonnes. Non seulement il faut que l’atmosphère se trouve dans des conditions particulièrement favorables à la parfaite netteté des images, mais encore une absence complète de vent est indispensable. Les plus légères vibrations empêchent de suivre et d’étudier un système compliqué de taches et de détails. Enfin, comme objet télescopique, la planète Mars est beaucoup moins satisfaisante que Jupiter ou Saturne. Toutes ces circonstances expliquent

  1. L’Astronomie, septembre 1886, p. 321