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LA PLANÈTE MARS.

mers, mais encore en ce que ces observations n’ont pas laissé voir une seule fois un seul contour géographique parfaitement net, si l’on en excepte toutefois l’allongement nord de la mer du Sablier, longitude 200°, latitude 30o à 40°. Tous les contours se sont montrés vagues et mal définis. Cet effet peut être dû à une moins grande transparence de l’atmosphère, ou bien à des rivages réellement moins nets, moins arrêtés, moins rudes par eux-mêmes. M. Knobel émet l’idée que, sans doute, dans l’hémisphère austral les falaises sont plus escarpées, plus profondes, et les eaux plus brusquement serrées entre les rivages, tandis que dans l’hémisphère boréal les plages sont plus douces, plus plates, et les rivages en pentes graduellement inclinées. Les observations ont été faites pendant l’été de cet hémisphère austral. C’est là, comme on le voit, un premier point fort intéressant pour notre connaissance de la planète.

L’auteur n’a pas réussi à reconnaître les canaux signalés par M. Schiaparelli ; cependant les observations suivantes sont dignes de remarque.

Le canal désigné sous le nom de mer Huggins et de Cyclopum Mare (longitude 200o à 223° ; traversant l’équateur) a été observé à plusieurs reprises avec une très grande netteté. (Il est absent de la carte de M. Green.) Il part de la mer Maraldi et se dirige sur la mer Oudemans. Le dessin A (fig. 201), fait le 29 février, à 10h, a été exécuté par une définition excellente.

Sur ce dessin, comme sur la carte, on remarque aussi un second canal, qui correspond à celui des Læstrygons.

L’espace situé à l’est de ces canaux, écrit M. Knobel, s’est montré couvert d’une sorte de réseau réticulé très délicat ; non seulement il paraissait pommelé, marbré, mais les bords de ce pommelage, pour ainsi dire, semblaient être des lignes légères. Je n’ai pas pu distinguer les canaux droits et parallèles, ajoute-t-il ; mais, si j’avais pu faire un dessin, le résultat n’aurait pas été très différent de l’aspect général des dessins de Milan, quelque chose comme une toile d’araignée.

Cependant il est juste de remarquer que ce jour-là (29 février) il n’y avait rien de visible sur la terre de Fontana (200° à 238° et 13° à 46° B.) et que peut-être les nuages, qui sans doute cachaient cette région, ont produit l’aspect dont il vient d’être question.

Le 26 février, la terre de Burckhardt — Hespérie — (220° à 255° ; 40° à 10° A.) était parfaitement visible. À la même date, le ton de la région sombre occidentale de la mer du Sablier, appelée mer Flammarion, ne s’est pas montré uniforme. La partie inférieure était certainement moins foncée que la partie supérieure.

La baie du Méridien se trouvait sur la ligne centrale du disque le 17 février, à 7h 50m. L’astronome anglais propose de prendre pour origine des longitudes de Mars, au lieu de ce point adopté par Beer et Mädler, Proctor,