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LA PLANÈTE MARS.
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reuses et mieux définies que celles de l’hémisphère nord. Ici, il n’y a guère que les mers Knobel et Delambre qui se montrent avec un peu de netteté, tandis qu’au Sud presque toutes sont d’une netteté remarquable, particulièrement le long de leur bord boréal. En général, les taches sombres de l’hémisphère nord ont leurs bords si vagues et si diffus, qu’il est difficile de reconnaître leur forme.

» D’après mes observations, il semble que certaines taches soient variables dans leur forme et leur couleur. Jusqu’ici nous n’avons pas de données suffisantes pour décider avec certitude de la cause de ces changements, s’ils résultent d’un effet d’illumination, ou bien s’ils sont amenés par les variations de saisons, par des pluies, des brouillards ou des nuages[1]. Les observations futures permettront sans doute de résoudre ces divers problèmes. »

CXVI. Même opposition, 1884. — Knobel. Observations et dessins[2].

L’intérêt passionnant et perpétuel qui s’attache à l’observation astronomique de la planète Mars s’explique tout naturellement par l’espérance que nous avons d’entrer en relation de plus en plus intime avec ce monde voisin, de pénétrer dans sa vie et d’arriver à nous rendre compte aussi exactement que possible de ce qui se passe à sa surface. C’est l’hémisphère boréal de Mars qui est le moins bien connu, parce qu’en raison de l’inclinaison de l’axe, analogue à celle de la Terre, cette planète nous présente son pôle nord pendant les époques où elle est le plus éloignée de nous. Il est donc doublement important d’étudier avec soin ces régions dans ces conditions désavantageuses.

Les observations de M. Knobel, notre laborieux collègue de la Société Royale astronomique de Londres, ont été faites pendant les mois de janvier, février et mars 1884, lors de l’opposition de la planète, qui, alors à son maximum de distance d’opposition, passait à 100 millions de kilomètres d’ici et n’offrait qu’un disque de 13″ à 14″.

  1. Dans une Note publiée aux Comptes rendus de l’Académie des Sciences, séance du 31 mars 1884, l’auteur inclinait à penser que certaines taches de Mars peuvent être dues à de la végétation, subissant l’influence des saisons. « Les grands continents de l’hémisphère nord sont occupés par des taches grisâtres plus ou moins faibles, qui sont disséminées sur eux. À en juger d’après les changements que j’ai vu subir à ces taches, d’année en année, on pourrait croire que les taches grisâtres variables sont dues à une végétation martienne qui subit l’alternative des saisons. »

    Quant à la disparition de la neige polaire, l’observateur dit aussi là : « Ce n’est guère que trois mois après le solstice d’été de l’hémisphère sud que j’ai plusieurs fois vu disparaître complètement la tache polaire australe. »

  2. L’Astronomie, juin 1886, p. 201. — Memoirs of the royal astronomical Society, 1885, t. XLVIII, p. 2.