Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/387

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
375
TROUVELOT. — OBSERVATIONS ET DESSINS.

était plus rapproché de nous[1]. Cette tache ovale est encore rattachée à Maraldi par une autre bande grise étroite, qui va du Nord au Sud, et que j’ai souvent observée auparavant. Des bords de la tache polaire nord on voit deux taches angulaires qui s’avancent vers le Sud. La plus orientale se dirige vers la tache ovale en se recourbant à l’Ouest, et s’efface un peu avant de l’atteindre. La plus occidentale forme une courbe très prononcée, et, revenant vers l’Est en s’effaçant graduellement, elle s’unit à la tache ovale par une bande à peine sensible. À l’ouest de cette tache recourbée et s’avançant jusque sur le bord, on voit une tache blanche brillante.

» Fig. 4, 2 mars, 6h 40m. — Au Sud, on distingue la partie occidentale de la mer Maraldi, la baie Trouvelot formant un angle un peu à l’est du méridien central. Au Sud-Ouest, tout près du bord, on distingue la grande et étroite tache qui du Sud descend et va se terminer sous la mer Terby. De la baie Trouvelot, on voit une vague tache grisâtre, déjà reconnue, qui va s’élargissant et se recourbant vers l’occident. Cette vague tache se trouve réunie à Maraldi par une étroite et faible bande grisâtre qui se trouve un peu à l’ouest de la baie Trouvelot. La tache polaire nord est entourée au Sud par une grande tache sombre (sans doute la mer Oudemans), qui remonte vers le Sud, où bientôt elle se trouve séparée par une étroite bande blanchâtre. Puis, continuant au delà, mais plus vague, elle forme une tache angulaire, à contours très diffus et difficiles à reconnaître. À l’est de la mer Oudemans, près du bord, on voit la terre Fontana, qui n’est pas très lumineuse. À l’ouest de cette même mer, et un peu au-dessus de la tache polaire, se trouve une tache blanche allongée, très facilement visible, qui est brillante près de la mer Oudemans, et perd de son éclat à mesure qu’elle s’approche du bord avec lequel elle se confond. L’endroit où le terminateur rencontre le bord sud de la planète est manifestement déformé ; car sa courbe, au lieu d’être elliptique, comme elle devrait être si la surface était parfaitement sphérique en cet endroit, forme un angle obtus très prononcé, qui indique pour ce point une élévation considérable de la surface. Cette partie du bord paraît aussi plus lumineuse que les autres régions.

» Tel est le résumé de ces observations. Un coup d’œil suffit pour se convaincre que l’hémisphère nord de Mars diffère notablement de son hémisphère sud, au point de vue géographique. Sur ce dernier hémisphère, les ‘taches sombres sont beaucoup plus grandes, plus nombreuses, plus vigou-

  1. Cet article a été reproduit dans The Observatory, décembre 1884, et l’éditeur remarque que cette tache ovale est l’océan de Schiaparelli et que les trois canaux qui le rattachent à la mer Maraldi sont ceux des Titans, des Læstrigons et des Cyclopes, le tout vu en 1877 par M. Schiaparelli. L’Océan a été remarqué la même année à Greenwich, le canal des Cyclopes en 1879 et en 1882. Le même aspect aurait été vu en 1877 à Potsdam et en 1879 par M. Burton. M. Trouvelot a répliqué à cette remarque (The Observatory, 1885, p. 26) que cette tache ovale occupe bien la place du fleuve Océan, mais ne ressemble pas à ce que l’on voit là ordinairement. Cette tache était plus foncée et presque isolée.