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LA PLANÈTE MARS.
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M. N. de Konkoly a publié[1] les observations faites à son observatoire par M. A. de Gothard. Il y en a 36 de Jupiter et 9 de Mars, dont trois dessins sont reproduits : ceux des 10 novembre, 22 et 25 décembre. On n’y relève rien de particulier, sinon que la mer du Sablier y est représentée assez large, surtout à la dernière date. L’instrument est un bon réfracteur de Merz. Pas de détails. L’observateur a surtout remarqué que les couleurs des taches sont plus évidentes dans la région centrale du disque que sur le contour. Le cap polaire nord s’est constamment montré d’une belle couleur blanche.

CXII. 1882. — Trouvelot. Remarques sur la planète Mars.

Nous avons déjà signalé les observations faites par M. Trouvelot en 1873 et nous avons commencé d’exposer les déductions formulées par lui en 1882 dans son excellent Manuel[2]. Continuons ici cet exposé avant d’arriver aux observations de 1884.

Les aspects de la planète demandent à être analysés avec un soin particulièrement méticuleux.

On peut facilement prendre des nuages pour des neiges polaires. L’observateur a remarqué que, pendant l’hiver de l’hémisphère sud, la neige polaire est la plupart du temps invisible, cachée par les nuages qui s’amoncellent dans ces régions. En 1877, pendant plus d’un mois, il prit pour le cap polaire cette couche de nuages, qui recouvrait au moins un cinquième de la surface totale du disque ; il ne reconnut son erreur que lorsqu’à l’approche de l’été ces nuages ayant graduellement disparu laissèrent voir réellement la neige polaire, d’abord très vaporeuse, ensuite parfaitement nette, sous forme d’une calotte beaucoup plus petite que la couverture antérieure de nuages. Ces nuages ressemblent à des nappes de cumulus, se formant pendant l’automne et l’hiver, et se dissolvant au printemps.

L’observateur croit que la glace polaire disparaît entièrement en été, et que cette disparition est arrivée notamment en 1877. — Cette observation n’est pas conforme aux autres. En réalité, il reste toujours un peu de neige, une tache d’environ 120 kilomètres de largeur, excentrique au pôle.

L’auteur conclut, d’autre part, que les neiges et les glaces (quelles qu’elles soient d’ailleurs) fondent sur Mars à une température supérieure à celle qui opère la même réduction sur notre planète, car ici les neiges arctiques et antarctiques ne fondent jamais entièrement, « If the polar spots are composed of a white substance melting under the rays of the Sun, as seems altogether probable, its melting point must be above that of terrestrial snow. » (Nous avons émis,

  1. Beobachtungen angestellt am astrophysikalischen Observatorium in O Gyalla. Vierter Band. Halle, 1882.
  2. Voyez p. 224.