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NIESTEN. — OBSERVATIONS ET DESSINS

31 janvier. — Dessin très curieux (fig. 198, A). Les ombres paraissent comme de minces lignes grisâtres qui sont dédoublées. La mer du Sablier est plus foncée vers l’Est. La Libye est teintée de gris, c’est-à-dire que la mer Main s’étend jusqu’à la mer Flammarion. Le Thoth est très apparent, ainsi que le Protonilus et l’Arethusa.

Ainsi, dans ce dessin, le Thoth, que l’on voit à gauche de la mer du Sablier, serait aussi large qu’elle. Ce n’est pas probable, et l’effet a dû être produit par une vue imparfaite de la région, les détails se confondant en une sorte d’ombre grise. On est ici à la limite de la visibilité.

Ce dessin est bien curieux par l’espèce de dédoublement longitudinal du détroit d’Herschel, assez rare, mais réel.

La figure voisine (fig. 198, B), du 21 décembre, montre une différence assez Fig. 198.

Dessins de Mars, par M. Niesten, 31 janvier 1882 et 21 décembre 1881.
sensible avec la précédente. La mer du Sablier y revêt mieux sa forme classique ; elle est sombre à l’Est, grise à l’Ouest. La mer Main se prolonge pour tourner vers le Nord-Ouest et commencer le Thoth. Le détroit d’Herschel semble finir en golfe au-dessus de la mer du Sablier. On reconnaît le Protonilus, duquel s’élève l’Euphrate, dont la contrée contiguë à l’est est teintée de gris. Dans un autre dessin, du 21 décembre, on trouve aussi un aspect analogue : les « canaux » semblent des limites de régions teintées ou voilées, comme le pensent plusieurs observateurs anglais.

Ces observations sont, comme on le voit, très précieuses, en ce qu’elles reculent aussi loin que possible les limites des choses observables sur Mars. Elles confirment celles de Milan, sans toutefois les préciser, en les faisant flotter, pour ainsi dire, dans un plus grand vague.