Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
363
SCHIAPARELLI. — OBSERVATIONS ET DESSINS.

cembre 1881), et s’effectue surtout dans le second mois après cet équinoxe, qu’après avoir duré plusieurs semaines ou même quelques mois, il disparaît, de sorte qu’il n’en reste aucune trace à l’époque du solstice boréal. Ces géminations occupent donc toute la saison que nous appelons printemps de l’hémisphère boréal. Existe-t-il quelque chose d’analogue en automne ? C’est ce que les observations qui précèdent ne permettent pas de décider.

On peut remarquer que, sur la planète entière, il y a une grande tendance au dualisme et à la symétrie. Des lacs sont séparés en deux par un isthme ; le détroit d’Herschel a été vu longitudinalement blanchi dans sa région médiane, ainsi que la mer Maraldi ; la mer du Sablier a son pendant à la baie Burton, la baie du Méridien est double, etc. etc.

Quant à l’explicationIl n’y a rien d’analogue sur la Terre.

Après la publication de ces trois cartes de M. Schiaparelli (fig174, 185 et 195), la revue astronomique anglaise The Observatory, dirigée par MM. Christie et Maunder, publia un article spécial sur ces travaux[1], dont la conclusion est que, sur ces trois cartes, la seconde est plus conforme que les deux autres aux tracés bien connus de la planète et doit être préférée à celles de 1877 et 1881, et que certains canaux peuvent être les limites de districts nuancés de demi-tons, tandis que d’autres peuvent être des illusions dues peut-être à l’emploi de grossissements trop forts. « Nor would it be the first time that a distinguished astronomer has fallen into that mistake. »

En général, les astronomes anglais partagèrent le même sentiment de scepticisme à l’égard du réseau de lignes tracé par l’astronome italien sur ses cartes, comme on peut le voir en se reportant aussi aux autres publications périodiques spéciales, telles que English Mechanic, Nature, etc.

À la séance de la Société astronomique de Londres, du 14 avril 1882[2], il y eut une discussion fort intéressante sur les observations de M. Schiaparelli, entre MM. Green, Maunder et Rand Capron. M. Proctor venait de publier, dans le Times, un article sur les « canaux » et leur dédoublement, article dans lequel il suggérait que les habitants de Mars doivent être engagés en des travaux d’ingénieurs d’une vaste étendue, attendu que ces canaux sont tracés dans toutes les directions et gardent entre eux une étonnante régularité de distance. » M. Green ajoutait : « Je n’ai pas l’intention d’introduire aucune espèce de plaisanterie dans un sujet aussi sérieux, mais je crois que nous ne devons pas reconnaître ces singuliers aspects de Mars comme réels jusqu’à ce que d’autres observateurs les aient revus avec certitude. Les canaux qui ont été vus, il y a un certain nombre d’années, ont constamment changé, soit dans les dessins d’un même observateur, soit

  1. The Observatory, May, 1, 1882.
  2. The Observatory, May, 1, 1882.