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LA PLANÈTE MARS.

le Boreosyrtis nous paraît bien incertain ou signale des variations plus considérables encore que toutes les précédentes.

L’auteur a ajouté semblablement de nouveaux noms pour les configurations nouvellement dessinées.

Nos lecteurs savent que, de toutes les régions de la planète, l’une des plus claires est le continent Beer de notre carte (p. 69), qui s’étend à la droite de la mer du Sablier. C’est, en général, une région brillante et uniforme. Pendant l’opposition de 1881-1882, M. Schiaparelli a fait là des observations fort curieuses.

Au commencement (9-14 novembre), on ne trouva là aucune différence notable avec ce qui avait été vu en 1879. Les mêmes canaux s’y voyaient, non tous également distincts, et l’unique différence importante fut l’apparition du lac Isménius, que l’on commença à voir le 12 novembre sous la forme d’une tache, au point où l’Euphrate vient couper le cours du Protonilus. Dans la seconde période des observations (14-29 décembre), un voile de nature inconnue parut s’être retiré de cette région ; le Protonilus, qui d’abord avait l’aspect d’une ligne unique, se montra séparé en deux cours parallèles, portant chacun son lac Isménius. Dans la troisième période d’observations (17 janvier-4 février), l’Oronte, l’Euphrate, le Phison, le Tiphonius apparurent tous géminés, l’Hiddekel, invisible en 1879, reparut, et l’Oxus prolongea son cours au delà du Gehon jusqu’au Deuteronilus (voir la carte, p. 361). Ainsi voilà une tache, le lac Isménius, qui se montrait bien nette et unique les 12, 13 et 14 novembre, sans que personne pût y soupçonner aucun indice de séparation, et, le 23 décembre, on voyait là deux lacs égaux, qui s’allongèrent dans le sens des latitudes pour aboutir les 28 et 29 décembre aux aspects dessinés sur la carte. Il en était encore de même le 22 janvier.

L’Oronte a été l’un des canaux les plus évidents. Il se dédoubla le 18 janvier. L’Euphrate et le Phison restèrent également nets, simples et évidents jusqu’au 18 janvier. Le 19, ils parurent élargis et indécis. Le 20, observation empêchée par des nuages. Le 21, tous deux étaient doubles, et dans une admirable netteté. Leur couleur n’était pas celle des mers, mais une sorte de brun rougeâtre « una specie di bruno rossegiante ». Ces canaux n’avaient pas changé de place, mais il s’était formé, non loin d’eux, une ligne secondaire absolument parallèle.

L’Indus s’est montré très large pendant toute cette opposition, la moitié environ de la largeur de Nilosyrtis. (C’est la baie Burton de notre carte : même largeur.)

Le lac Niliacus s’est montré séparé de la mer Acidalium par un isthme jaune que l’observateur a nommé Pont d’Achille. Les contours de ces deux