Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/355

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
343
SATELLITES DE MARS.

à l’autre. Antérieurement, elles ont pu être presque en contact. En fait, la Lune serait née de la Terre, par la force centrifuge de rotation, selon la théorie de Laplace.

Si, au lieu de remonter dans le passé, nous anticipons sur l’avenir, nous trouvons que, d’après les mêmes principes, le mois et le jour tendent à devenir égaux et à durer 50 de nos jours actuels.

L’auteur termine son mémoire en remarquant que le « satellite anormal » de Mars — le plus proche — qui tourne plus vite que la planète « offre une confirmation de ces vues, car il semble probable que son extrême petitesse l’a conservé comme un témoignage durable de la période primitive de la rotation de Mars autour de son axe ».

À cette théorie du mathématicien anglais sur l’évolution des satellites et surtout à son application au premier satellite de Mars, M. Daniel Kirkwood, l’astronome américain, a répliqué dans les termes suivants[1] :

La masse du satellite intérieur de Mars est à celle de notre Lune (approximativement) dans le rapport de 1 à 30 000 000. Par conséquent, il ne peut produire aucune marée sensible sur la planète. C’est, en fait, de cette absence de marées que M. Darwin infère la distance constante du satellite. Alors, quelle est la cause qui a allongé la durée de rotation de Mars de moins de 8 heures à près de 25 ?

M. Darwin a répondu[2] :

Mon mémoire n’est qu’un extrait d’un long travail, actuellement sous presse. Je puis cependant répondre à la question posée par M. Kirkwood, comment la théorie des marées explique le fait que le jour martien est plus long que le mois du satellite intérieur, qu’un tel résultat dérive nécessairement des effets du frottement des marées solaires. J’espère pouvoir étudier numériquement le cas particulier de Mars.

D’autre part, à propos de ces satellites, M. E. Ledger a étudié les marées et les éclipses qu’ils peuvent causer à la surface de la planète[3]. « L’exiguïté de leur masse, dit-il, nonobstant leur proximité, interdit la formation de marées sensibles, et ils ne jouissent pas de la propriété qui leur a été imaginée d’empêcher la stagnation des mers martiennes. » Quant à leur lumière, on peut estimer à 1/40 de celle de la Lune celle du premier satellite, et celle du second à une clarté vingt fois plus faible, soit 1/800. C’est peu. Phobos reste sur l’horizon d’un lieu donné pendant 5 heures et demie à la fois, sur lesquelles il peut être éclipsé pendant 53 minutes. Deimos reste au-dessus de l’horizon pendant 60 heures de suite, pendant lesquelles se produisent deux éclipses, et quelquefois trois.

  1. The Observatory, septembre 1879, p. 147.
  2. The Observatory, novembre 1879, p. 204.
  3. The Observatory, novembre 1879, p. 191.