Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/354

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
342
LA PLANÈTE MARS.

une élévation et un abaissement deux fois par chaque révolution de la planète relativement au satellite.

Maintenant, supposons que le fluide soit soumis à un frottement. Alors, les particules de fluide qui arrivent à cet instant à former la protubérance équatoriale ne peuvent pas retomber aussi vite qu’elles le faisaient avant que le frottement existât. Le plus grand axe de l’équateur se met en avance sur le satellite.

La Terre a commencé par être fluide, et, dans le cours de son refroidissement, elle est devenue visqueuse et a donné naissance aux frottements dont nous venons de parler. Maintenant, elle est probablement pâteuse, presque solide, et n’a sans doute plus de marées internes.

Si le fluide formant la Terre avait été sans frottement, les protubérances équatoriales causées par l’attraction de la Lune seraient restées en ligne droite avec la Lune. Mais ce frottement modifie cet état primitif, et par conséquent la Lune exerce ses forces sur les protubérances, qui tendent à les tirer en arrière. Depuis que l’axe protubérantiel de l’équateur pointe toujours en avance de la Lune, celle-ci exerce un frein sur le mouvement de rotation diurne, et, réciproquement, la Terre a pour tendance d’accélérer le mouvement de la Lune. Le premier résultat est un ralentissement du mouvement de rotation de la Terre. Le second est une accélération de la vitesse linéaire de la Lune sur son orbite et une augmentation de sa distance.

Les deux résultats sont un allongement de la durée du jour et du mois, surtout de la première, dans la condition actuelle de la Terre et de la Lune.

Delaunay et Adams étaient déjà arrivés à une conclusion analogue, quoique ne l’attribuant qu’au frottement des marées extérieures, des marées océaniques.

M. G.-H. Darwin considère surtout, et même exclusivement ici, les marées internes anciennes.

Dans l’état actuel des choses, le taux de diminution de la vitesse angulaire de rotation de la Terre est beaucoup plus grand que celui de la vitesse angulaire du mouvement orbital de la Lune. Si le premier était exactement 27 1/2 fois plus grand que le dernier, le jour et le mois auraient été réduits autrefois dans la même proportion. On trouve que, lorsque le jour était de 15 heures et demie, le mois devait être de 19 jours.

L’auteur calcule qu’à une certaine époque, le jour a dû être de 6h 50m, et qu’alors le mois n’était que de 11 jours et 14 heures. Cet énorme changement aurait pu s’effectuer en 56 millions d’années.

En remontant plus haut encore, M. Darwin arrive à une époque à laquelle le jour et le mois étaient identiques, 5 heures et demie seulement. Alors la Lune était très proche de la Terre, à 8 000 kilomètres seulement, d’une surface