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SCHIAPARELLI. — ÉTUDE GÉNÉRALE.

être détaché comme sur les anciens dessins. Un petit golfe, la baie de Schmidt, reçoit un cours d’eau, le Phison, déjà aperçu par Kaiser le 22 novembre 1864 (voir plus haut, p. 176). M. Schiaparelli l’a vu s’étendant jusqu’au Nil. On voit ensuite, à la baie du Méridien, deux fleuves ou canaux, l’Hiddekel et le Gehon, le premier parallèle au Phison, le second coudé. L’Hiddekel a été découvert seulement le 28 février 1878, alors que la planète était toute petite et qu’on ne distinguait plus les deux pointes de la baie : ce n’est qu’au juger que l’observateur a mis son embouchure à la première pointe. Cours incertain. La péninsule de Deucalion paraît être une terre submergée ; elle n’a pas du tout l’éclat et la netteté du continent.

Détroit Arago = Golfe des Perles. — Baie Burton = Bouches de l’Indus. Continent Mädler = Chryse. Hydaspe.

Le détroit Arago est une mer assez sombre. Quand les images sont incertaines et que l’on ne s’est pas sûrement orienté, on peut le prendre pour la mer du Sablier, ce qui est arrivé plus d’une fois. L’Indus, large fleuve, s’y jette, après être venu du Nil en formant un coude. Ce cours n’a pu être suivi jusqu’au Nil qu’à partir du 24 février 1878, car auparavant ce continent était couvert de nuages : mais alors on l’a fort bien vu, quoique le diamètre de Mars fût réduit à 5″,7. La péninsule de Pyrrha paraît une terre submergée, comme celle de Deucalion.

Manche = Gange. — Baie Christie = Golfe de l’Aurore.

Il faut convenir que la nomenclature du célèbre astronome milanais est tout à fait euphonique et charmante, sans compter ses qualités d’antique érudition. Golfe des Perles, golfe de l’Aurore, lac du Phénix, Icarie, Champs Élysées, terres de Deucalion et de Pyrrha : que pourrait-on imaginer de plus gracieux. Pour notre part, nous souhaitons de tout notre cœur voir cette ingénieuse aréographie remplacer toutes les précédentes. Mais peut-être un grand nombre de ces légères configurations sont-elles essentiellement variables, diminuant même parfois jusqu’à l’invisibilité complète.

Le golfe de l’Aurore est vaste et sombre ; aussi a-t-il été représenté par la plupart des observateurs. Là, se jette le Gange, « l’un des canaux les plus larges et les mieux visibles de toute la planète. » L’auteur l’a vu en toute circonstance, depuis le 28 août jusqu’au 25 février. Il va jusqu’au Nil. C’est la Manche de notre carte. En 1858 (voy. p. 138), le P. Secchi l’a admirablement dessinée ; il lui avait donné le nom d’isthme ou canal de Franklin. À droite de cet isthme, on voit un canal plus étroit, vertical, c’est-à-dire tracé dans la direction Nord-Sud, qui a reçu le nom de Chrysorrhoas, et qui