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LA PLANÈTE MARS.

discutables, et il n’est même pas difficile de les renverser. D’abord, il n’est pas exact que l’atmosphère de Mars soit d’une telle opacité, car, au contraire, presque tous les observateurs s’accordent à reconnaître sa transparence. Elle est incomparablement plus limpide que la nôtre. À la distance de Mars, et dans les mêmes conditions, il serait impossible de distinguer sur la Terre autant de détails que sur Mars, même par les journées les plus pures.

L’absence absolue de nuages est également une erreur. Sans doute, ils sont très rares ; mais il nous a suffi de comparer les excellents dessins de Lockyer et de Green, dès 1862, pour reconnaître leur existence et leurs mouvements. La vapeur d’eau, dont la présence dans l’atmosphère de Mars est démontrée par l’analyse spectrale, s’y condense moins en nuages que sur la Terre, mais elle jette parfois un voile qui empêche de distinguer de vastes contrées, et il n’est pas douteux qu’elle ne produise les taches polaires, qui, quoi qu’en dise l’auteur, ne planent pas au-dessus du niveau du globe, mais semblent parfois, par l’irradiation, former une protubérance sur le disque, parce qu’elles ont la blancheur de la neige.

Ce que M. Brett prend pour la densité de l’atmosphère martienne, c’est l’effet de la présence de la vapeur d’eau, qui exerce une action absorbante très marquée dans sa plus grande épaisseur, sur tout le contour de la planète.

L’auteur ajoute que tous ces faits sont contraires à l’opinion que Mars puisse être habité.

Pendant que les observations précédentes avaient lieu en Europe, un autre observateur zélé, M. Hirst, étudiait la planète à Sydney (Nouvelle-Galles du Sud) et en prenait un dessin soigneusement exécuté à l’aide d’un télescope de 10 pouces 1/4. L’auteur remarque que c’est seulement vers le milieu d’août que les configurations géographiques sont devenues bien nettes, soit à cause de notre atmosphère, soit à cause de celle de Mars[1].

À l’Observatoire de Moscou, M. Bredichin a observé l’opposition de Mars au point de vue de la parallaxe solaire. Nous n’avons pas à parler ici de ces mesures de positions, mais, le 6 septembre, l’auteur a pris un dessin[2] qui montre surtout l’éclatante blancheur de la tache polaire et laisse deviner la mer Maraldi sous forme d’une envergure d’ailes.

Nous avons vu plus haut les observations faites en Belgique par M. Terby. On peut leur ajouter celles qui ont été faites à Malines par M. Bernaerts[3] à l’aide d’une lunette de 9cm d’ouverture, et qui sont accompagnées de

  1. Monthly Notices of the royal astronomical Society, décembre 1877, p. 58.
  2. Annales de l’Observatoire de Moscou, t. IV, 1878.
  3. Bulletin de l’Académie de Belgique, 1878, t. I, p. 35.