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PRATT, JOHN BRETT, ETC.

près de Lizard. Ses résultats ne sont pas encourageants, ils sont plutôt contradictoires.

Le disque de Mars s’est toujours montré beaucoup moins net que Jupiter et Saturne : c’est un « mauvais objet télescopique » : bad telescopic object.

L’observateur pense que l’atmosphère de la planète est tellement opaque qu’elle empêche de rien distinguer exactement, si ce n’est vers le centre du disque. Il la compare avec celle de Jupiter et pense que celui-ci n’a pas d’atmosphère proprement dite. « Le disque de Mars est très blanc sur ses bords : preuve d’épaisse atmosphère. Jupiter est, au contraire, plus brillant dans sa région centrale que sur ses bords : preuve opposée. Il doit être liquide et demi transparent jusqu’à une grande profondeur au-dessous de sa surface ; Mars, au contraire, est un corps solide, sa topographie générale étant permanente, avec une atmosphère considérable, Pourtant il n’a pas de nuages. Du 2 août au 8 octobre, l’auteur a observé la planète sans en découvrir un seul. Les principales taches ont été reconnues. Ce ne sont pas des mers, car elles donneraient nécessairement naissance à certaines évaporations, par conséquent à des nuages. Qu’un hémisphère entier puisse être tout à fait dépourvu de nuages pendant plus de deux mois, c’est fatal à l’hypothèse des mers. Personne ne peut prétendre que l’atmosphère de Mars ne soit pas assez dense pour soutenir des nuages, car cette densité saute aux yeux. »

Ainsi parle M. John Brett. Et les neiges polaires ? « Les taches blanches des pôles, dit-il, sont généralement regardées comme des neiges, mais il y a une ou deux objections contre cette assimilation, outre l’absence de nuages pour les former, D’abord, la tache polaire australe, actuellement en vue, est entourée d’une teinte sombre, qui est du même ton qu’une prétendue mer qui la continue jusqu’à l’équateur, et dont elle n’est séparée par aucun détroit, Donc, si la tache blanche est de la neige, elle repose sur la mer ou sur une île polaire. »

L’auteur ne peut pas l’admettre, et remarque en même temps que cette tache blanche polaire est vue très souvent non pas sur le globe même, mais au-dessus de lui. On attribue cet effet à l’irradiation, mais la distance est trop grande pour être ainsi expliquée, et, de plus, cette suspension blanche porte ombre à l’Est lorsque la planète a passé son opposition, comme on le voyait notamment le 28 septembre à 9h, meilleure soirée de l’année. « Ce n’est pas de la neige, mais un nuage énorme, qui se forme au seul endroit de la planète où il puisse s’en former, au pôle. C’est la seule région assez froide pour condenser de la vapeur, car le reste de la planète est très chaud. »

Voilà assurément du nouveau, et nous avons déjà vu que plusieurs observateurs semblent accepter ces conclusions. Mais toutes ces assertions sont