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LA PLANÈTE MARS.

conclut que sur Mars le lever du Soleil est plus clair que le coucher. Les matinées seraient plus pures que les soirées. Il en est de même ici, du moins dans nos climats : le soleil est plus fréquent le matin que le soir, et tous les photographes ont remarqué que la lumière du matin est meilleure que celle de l’après-midi.

À la même Société, à la séance suivante, de décembre, M. H. Pratt a présenté d’autre part une série de dessins faits à l’aide d’un équatorial newtonien dont le miroir mesurait 8,15 pouces d’ouverture, oculaire grossissant 400 fois. Le temps n’a pas été favorable, et en général les images n’ont pas été bonnes. Les dessins ont été extrêmement difficiles à faire. Ce que l’on voyait en d’heureux instants disparaissait quelques moments après. La teinte rouge de la planète a paru plus pâle que dans les oppositions précédentes. L’observateur confirme la remarque du capitaine Noble sur la meilleure visibilité des taches près du bord pour lequel le Soleil vient de se lever que près de celui pour lequel il va se coucher.

La persistance avec laquelle un grand nombre de taches bien connues sont revues d’années en années, comme on les a revues de nuits en nuits pendant cette opposition, prouve sûrement qu’elles appartiennent au globe et non à l’atmosphère. Pourtant, les différences dans les détails observés au même instant par la même personne, au même instrument, dans les mêmes conditions atmosphériques, témoignent de variations certaines dans la transparence de l’atmosphère martienne. L’idée d’obscurcissements locaux provenant d’une condition nuageuse de cette atmosphère paraît suffisante pour expliquer les divergences, quoiqu’il ne soit pas facile de décider pourquoi certaines formes seraient visibles à certaines époques et oblitérées ou grandement modifiées en d’autres temps.

L’atmosphère de Mars s’est montrée en général bien transparente, mais de temps en temps les configurations sont devenues invisibles, certainement à cause de l’opacité temporaire de cette atmosphère, opacité qui n’est jamais comparable à celle des masses de nuages de Jupiter. L’effet dont on vient de parler n’était pas dû à un défaut de transparence dans notre atmosphère, car, en même temps que Mars était brumeux, Saturne, à une attitude moindre, était très net. Le fait a été observé plusieurs fois, notamment le 14 novembre.

Un autre observateur anglais, M. John Brett, a présenté à la même séance[1] une série d’observations faites du 2 août au 8 octobre, à l’aide d’un télescope de 9 pouces de Browning, à l’extrémité sud de l’Angleterre,

  1. Monthly Notices, t. XXXVIII, p. 58.