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LA PLANÈTE MARS.

pas le remarquer. Le 8 septembre, à minuit 30m, j’eus de nouveau l’occasion de l’observer ; mais alors on distinguait parfaitement deux points séparés, et, deux jours plus tard, de 10h à 11h 30m, on en distinguait encore d’autres concentriques à la zone des neiges, comme on le voit (fig. 170). Ces altérations de formes étaient sans doute dues à la perspective, ces diverses taches neigeuses s’étant présentées presque de profil lors de l’observation du 1er septembre. On ne les a jamais vues à l’est du cap polaire, et c’est là une circonstance d’un intérêt particulier. En effet, leur grand éclat à l’ouest du pôle, leur décroissance en passant par le méridien central, et leur invisibilité en arrivant au côté oriental, s’expliquent naturellement en supposant que les pentes des montagnes qui conservaient cette neige étaient tournées au Sud-Ouest ; de cette sorte, elles étaient abritées des rayons solaires pendant la plus grande partie d’une rotation ; mais elles étaient pleinement exposées à sa lumière et par conséquent mieux vues, justement lorsqu’elles s’éloignaient vers le bord occidental.

» Il est curieux de remarquer que ce point de lumière a été observé et figuré de la même façon dans un dessin fait le 30 août 1845, à Cincinnati, par Mitchel ; il se rattache certainement à une configuration locale de la planète. Je lui ai donné le nom de Mitchel, en souvenir de cet enthousiaste ami de l’Astronomie. »

Un autre observateur, M. Brett, examinant Mars dans la nuit du 1er septembre, a décrit ce point blanc près du pôle, comme an auxiliary patch. C’est une confirmation de l’observation précédente.

Le décroissement de la zone polaire neigeuse a été manifeste. Au mois de juillet, cette zone occupait un espace deux fois plus vaste qu’à la fin de septembre.

Telles sont les observations de l’habile peintre anglais, qui a consacré d’ailleurs une partie de sa carrière à la représentation des curiosités du ciel. L’examen de sa Carte générale résume tous les faits dégagés par ses minutieuses recherches. Nous avons tenu à la reproduire par la photogravure, afin que nulle modification n’y soit apportée par une main étrangère ; mais il en résulte que les continents sont moins clairs qu’ils ne devraient être, à cause de leur ton jaune trop photogénique : le lecteur peut suppléer facilement à cet effet photographique inévitable.

Parmi les dessins de M. Green, nous tenons encore à en présenter deux ici (fig. 171), comme dignes de la plus haute attention et particulièrement remarquables, obtenus en des circonstances atmosphériques tout à fait exceptionnelles, le premier surtout.

Celui-ci sera, pour un observateur attentif, un véritable régal de l’œil et de l’esprit. Il a été obtenu le 10 septembre, à 11h 20m. L’atmosphère était si transparente et si calme que l’on croyait distinguer les moindres détails de la surface de la planète. On a pu se servir d’un oculaire construit