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N.-E. GREEN. DESSINS ET CARTE.
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venir en partie de ce que cette atmosphère n’est pas absolument transparente. Il semble que cette transparence soit soumise à des oscillations, comme l’indiquent les variations de la coloration rouge, vue à travers cette atmosphère. Il paraît exister là des vapeurs, des brumes qui, pour une cause quelconque, ne se condensent pas en nuages analogues aux nôtres. Ce brouillard léger, de distribution inégale, est plus ou moins transparent et laisse apercevoir les configurations géographiques, excepté vers les bords du globe, parce qu’ici l’épaisseur est plus grande et que les lacunes ou éclaircies sont masquées par l’angle de la projection ; il réfléchit par conséquent mieux la lumière solaire au bord qu’au centre.

Quant à la cause qui empêche les nuages d’être aussi denses que sur la Terre, l’auteur déclare qu’il considère comme raisonnable l’opinion d’un observateur anglais, M. Brett, dont nous parlerons plus loin, d’après laquelle la planète serait encore très chaude : cette chaleur empêcherait la condensation des nuages, à l’exception des régions polaires.

Comme l’observateur anglais aussi, l’astronome allemand pense que les taches polaires pourraient être dues, non à des neiges, mais à des nuages fort élevés dans les régions supérieures de l’atmosphère. Cette opinion est en contradiction avec celle qui est généralement reçue, mais l’éclatante blancheur de ces taches polaires, qui paraissent même parfois dépasser le bord du disque, est favorable à cette appréciation.

Nous examinerons bientôt ces assertions, en arrivant aux observations de M. John Brett.

XC. 1877. — N. E. Green. Dessins et Carte.

M. Nathaniel Green, artiste peintre anglais, avec lequel nous avons déjà précédemment fait connaissance, s’était rendu à l’île de Madère et installé à une altitude de 1 200 pieds anglais, et même ensuite à 2 200, avec un télescope de 13 pouces, du système newtonien, dans le but d’obtenir les meilleures vues de la planète. L’oculaire le plus fréquemment employé a été celui de 250 diamètres, parfois celui de 400.

Dans ces conditions très avantageuses, il a étudié le monde de Mars avec le plus grand soin et en a fait un grand nombre de dessins (41). Il remarque avec raison que le crayon ou le pinceau donnent toujours trop d’intensité, trop de force aux aspects délicats, et parfois très vagues, reconnus souvent avec difficulté par l’œil même le plus exercé.

L’auteur a présenté à la Société Royale astronomique de Londres[1] et

  1. Royal astronomical Society. Memoirs, t. XLIX, 1877-1879, p. 123, et Monthly Notices, t. XXXVIII, 1878, p. 38.