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LA PLANÈTE MARS.
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apparaît avec une grandeur apparente de 1 degré, et qu’un objet éloigné à 570 fois son diamètre sous-tend un angle dix fois plus petit, ou de 6 minutes. Le premier satellite de Mars étant à 6 000 kilomètres de la surface de la planète et ayant, selon toute probabilité, 12 kilomètres de largeur, est éloigné à 500 fois son diamètre et offre par conséquent un disque de 7 minutes environ.

C’est un peu moins du quart du diamètre apparent de notre Pleine Lune, lequel est de 31 minutes.

C’est en même temps le tiers du diamètre moyen du Soleil, vu de Mars, ce diamètre étant de 21 minutes.

Le second satellite, éloigné à 20 000 kilomètres de la surface de Mars, est réduit à un petit disque de 2 minutes et demie.

La lumière renvoyée par ces deux satellites aux habitants de la planète doit être extrêmement faible. Le satellite extérieur n’offre en effet, même au zénith, qu’un disque égal au quinzième environ de celui de notre Pleine Lune, ce qui équivaut à une surface 225 fois plus petite. D’un autre côté, la lumière reçue du Soleil varie, suivant la position de Mars, de la moitié au tiers de celle que reçoit notre astre des nuits. Il en résulte que la clarté de Deimos doit être comprise entre les fractions 1/430 et 1/675 de celle de notre clair de lune. Phobos doit être trois fois plus large, offrir un disque de 6 à 7 minutes et donner une clarté dix fois plus forte, c’est-à-dire comprise entre 1/45 et 1/67 de l’intensité de notre clair de lune. Ce sont là deux lunes minuscules.

La découverte de ces satellites a permis de déterminer avec précision la masse de la planète, jusqu’alors assez incertaine. M. Hall a trouvé, relativement à celle du Soleil, 1/3093500, ce qui donne relativement à la Terre : 0,105[1].

Le spectacle de Mars vu de chaque satellite, surtout du premier, doit être admirable, et son éclat merveilleux. Vu de Phobos, il occupe près d’un quart

  1. Les principales déterminations de la masse de Mars antérieures à la déduction très précise tirée du mouvement des satellites étaient :
    1802.
    Delambre, par les perturbations de la Terre (valeur adoptée par Laplace)
    1/2 546 320
    1813.
    Burckhardt, par le même procédé
    1/2 680 337
    1828.
    Airy, en corrigeant Delambre par les observations de Greenwich
    1/3 734 602
    1853.
    Hansen et Olufsen, toujours par les perturbations de la Terre
    1/3 200 900
    1858.
    Le Verrier, par le même procédé
    1/2 994 790
    1876.
    Le Verrier, par les perturbations de Jupiter
    1/2 812 526

    On voit que la valeur la plus approchée était celle de Hansen et Olufsen.