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LA PLANÈTE MARS.

a dessiné le même golfe en 1777 et 1783, notamment le fer à cheval formé par le golfe d’Arago avec celui de Kaiser, et il est même le premier qui ait bien figuré ces détails ; mais il a été, en 1862, l’objet de l’étude la plus soignée de la part de Kaiser.

À l’est du golfe de Kaiser, on rencontre : 1o une baie émergeant au nord de l’océan Kepler ; 2o une Manche conduisant de cet océan à la mer Mädler. Cette Manche, comme cette mer, sont également connues depuis fort longtemps.

Le bras de mer qui s’étend de l’océan Kepler à la mer Mädler, qui est si caractéristique, et pour lequel le nom de Manche est certainement la dénomination qui convient le mieux, est surtout connu par les dessins du P. Secchi. La mer Mädler paraît se prolonger vers le Nord et devenir d’abord plus claire, puis plus foncée, et jeter un bras à l’Est vers une autre mer plus orientale.

L’océan Kepler est connu par un grand nombre d’observations, dont les plus anciennes remontent à William Herschel et Schrœter.

On remarque à l’Est une tache ronde sombre, qui a reçu le nom de mer Lockyer. Cette petite mer est très curieuse : on la voit dessinée pour la première fois par Beer et Mädler, en 1830 ; on la retrouve dans leur carte, sur le 270e degré de longitude et le 30e degré de latitude, mais isolée de l’océan Kepler, dont la limite orientale ne dépasse pas le 274e degré. On la reconnaît aussi en 1860, dans les dessins de Schmidt, d’Athènes, isolée aussi. En 1862, le P. Secchi l’a prise pour un cyclone, à cause de la forme circulaire de son entourage. La même année, le même jour (18 octobre), elle était dessinée en Angleterre, par M. Lockyer, et il la nommait « mer Baltique ». Les dessins de Lassell lui donnent la forme d’un œil et on la nomme aussi « Oculus ».

Les mors de la Rue, Dawes, Airy, Faye et Huygens ne sont pas aussi exactement connues. Il en est de même des terres de Laplace, Fontana, Cassini, Secchi, Schrœter, Tycho, Webb, et des golfes Arago et Foucault.

L’avantage pratique de donner des noms aux objets, au lieu de simples numéros d’ordre, m’a conduit à inscrire les noms que l’on voit sur ce planisphère : ce sont ceux des principaux astronomes, à l’exception de la mer du Sablier et de la Manche, déjà nommées par leur propre forme. J’ai suivi en cela le même principe que M. Proctor, mais étendu sur une plus vaste échelle et affranchi de répétitions.

Très certainement il reste encore bien des points douteux, surtout à partir du 60e degré de latitude, et principalement au Nord ; mais j’ai l’espérance que, telle qu’elle est, cette carte représente, aussi exactement que possible, l’état actuel de nos connaissances sur la géographie de ce monde voisin.

Sur cette carte, les degrés de longitude sont gradués de l’Est à l’Ouest pour l’observateur terrestre, et de l’Ouest à l’Est pour les habitants de Mars, leur orient étant à gauche lorsqu’on regarde la planète, le Sud en haut.

Telle est la note par laquelle nous résumions alors nos connaissances aréographiques. En même temps, à l’aide d’un télescope de 0m,20, muni de