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LA PLANÈTE MARS.

la Terre : les grands continents, l’Asie et l’Europe, l’Amérique du Nord, la moitié de l’Afrique, occupent l’hémisphère boréal ; l’austral a l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud et l’Australie, dont la surface est de beaucoup inférieure.

Cette différence peut provenir de l’action de l’attraction solaire sur l’hémisphère martien le plus rapproché du Soleil, pendant la demi-période de révolution de la ligne des apsides, à l’époque critique de la consolidation de l’écorce de la planète ; cette attraction aura eu pour effet de surélever légèrement et obliquement l’hémisphère nord. Le centre continental paraît être dans le continent Huygens, vers 150° de longitude et 20° de latitude ; le centre maritime, à peu près à l’antipode, dans l’océan Dawes, vers 330° et 30°. Pour la Terre, ces mêmes points sont à peu près les Karpathes et leur antipode.

25. L’aplatissement polaire de Mars est certainement plus faible que ne l’avaient cru Herschel, Laplace et Arago, et les objections faites contre la théorie paraissent sans fondements.

La figure géométrique du globe de Mars ne paraît pas différer beaucoup de celle de notre globe, comme on l’admettait sur la croyance d’un aplatissement trop fort. Le rapport de la force centrifuge à la pesanteur est de 1/217,5. L’aplatissement polaire doit peu différer de cette valeur.

26. Il doit exister des fleuves à la surface de Mars, puisqu’il y a des mers, des nuages et des pluies. La baie du Méridien paraît être l’embouchure de deux grands fleuves.

27. Quoique le globe de Mars paraisse moins irrégulier que le nôtre dans ses reliefs orographiques, il semble cependant qu’il y ait quelques montagnes assez élevées, quelques plateaux supérieurs. Ainsi les deux îles dessinées sur notre carte aux 47e et 297e degrés de longitude sont tantôt visibles et tantôt invisibles : ce sont sans doute des montagnes parfois couvertes de neige. Il semble aussi qu’il y ait un plateau fort élevé vers l’équateur, à la droite de la mer du Sablier, et un autre vers l’intersection du 185e degré de longitude avec le 65e degré de latitude sud.

En résumé, les analogies de ce monde avec le nôtre continuent de s’établir par la série des observations. La climatologie y paraît même singulièrement semblable à la nôtre, soit que la température s’y maintienne à peu près au même degré qu’ici, soit que les conditions physiques de pression atmosphérique, de densité, de pesanteur, y déterminent des effets analogues à une température différente.

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