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GREEN. IMAGE SOLAIRE. — KNOBEL. OBSERVATIONS.
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Cette image pourrait donc être visible, sur le fond sombre des mers martiennes et malgré l’éclat du disque. Mais il faudrait supposer pour cela la mer calme et unie comme un miroir. Or les observations de nuages mobiles, de traînées nuageuses, de neiges polaires formées par les vapeurs qui y sont amenées, prouvent qu’il y a du vent à la surface de la planète. La surface des eaux doit donc y être ordinairement plus ou moins agitée, et les moindres rides ont pour effet d’empêcher la formation d’une image solaire unique et de donner naissance à une multitude de facettes et de petites images. Il est vrai que l’intensité lumineuse totale de ces images est la même que celle d’une image unique, mais elle est dispersée sur un vaste espace, variable d’étendue, et devient nébuleuse, surtout si les crêtes des vagues sont élevées, et cette clarté nébuleuse peut passer inaperçue pour l’observateur.

En résumé, il ne serait donc pas impossible, dans les meilleures conditions, d’arriver à découvrir l’image du Soleil réfléchie à la surface d’une mer, sur la planète Mars, mais ce ne pourrait être qu’en des circonstances exceptionnelles.

Telle est la réponse à la question posée par M. Green. Nous retrouverons cet observateur aux travaux de l’année 1877.

LXXIII. Même année, 1873. — E. B. Knobel, Webb, Grover.

Pendant cette même période, un habile observateur anglais, M. Knobel, a fait à son observatoire de Burton-on-Trent, une série d’observations qui ont été publiées par la Société astronomique de Londres[1], accompagnées de 17 dessins. Ces observations ont été faites à l’aide d’un télescope à verre argenté de 8 1/4 pouces (0m,21), d’excellente qualité, armé de grossissements de 250 et 300.

En général, les dessins concordent parfaitement avec ceux de Dawes et avec la carte de Proctor, construite d’après eux. Cependant, il y a certaines exceptions dignes d’attention. Ainsi huit dessins, pris du 11 au 22 mai, montrent avec la plus grande netteté une tache foncée circulaire qui se trouve dans l’hémisphère inférieur ou boréal, au-dessous de la baie du Méridien, et qui correspondrait à la terre de Le Verrier, ou à la mer Knobel reculée vers la gauche et continuée vers le haut, après une sorte de pont de séparation. Cette séparation est tracée obliquement du Sud-Ouest au Nord-Est, tandis que sur notre carte (voy. p. 69, au 30e méridien), elle est tracée de l’Est à l’Ouest. De plus, à la droite de cette mer, l’observateur a vu, du 8 au 22 mai, une tache blanche comme de la neige, et même, comme ce point se trouvait le 22 mai

  1. Monthly Notices, 1873, p. 476.