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F. HŒFER, STAN, MEUNIER. — VÉGÉTATION, MERS.

nous avons les mêmes exemples et quand les différences de conditions de la vie sur Mars et sur la Terre ne peuvent pas avoir développé sur cette planète la même végétation qu’ici !

Une seconde objection nous a été faite en disant que sur la Terre les continents ne sont couverts de végétaux que par places très restreintes et que leur couleur dominante est celle des terrains, que par conséquent ceux de Mars peuvent être de couleur d’ocre ; mais, les déserts sont des exceptions. L’eau seule suffit pour amener la verdure, et les contrées stériles sont celles où la pluie ne tombe pas sur Mars. Les mêmes agents qui ont amené la formation des premiers végétaux sur la Terre, les forces fécondes de la nature, existent sur cette planète comme sur la nôtre. Nous voyons actuellement des nuages et des pluies, comme sur notre planète. Il est donc probable que la couleur dominante de Mars provient de la végétation quelconque qui revêt son sol.

Dans l’une des séances qui suivirent celle où j’avais présenté les observations qui précèdent, M. St. Meunier adressa les remarques que voici sur la forme des mers martiennes comparée à celle des océans terrestres :

« Au moment où l’attention des observateurs est dirigée vers la planète Mars, je crois intéressant de soumettre à l’Académie une remarque relative à cet astre, remarque qui confirme la théorie déjà développée de l’évolution sidérale.

» On sait que, à ce point de vue, Mars se présente comme un globe actuellement plus âgé que le globe terrestre, et offrant, dès maintenant, des conditions que celui-ci ne présentera que dans un avenir très éloigné. Une foule de considérations appuient cette donnée, et parmi elles la minceur de l’atmosphère et le peu d’étendue des océans par rapport aux surfaces océaniques.

» Le fait que je veux signaler aujourd’hui concerne la forme des mers martiennes comparée à celle des mers terrestres. J’y vois un nouveau signe de la vétusté relative de Mars, car il paraît évident que nos mers prendront sensiblement les mêmes contours que celles de Mars, lorsqu’elles auront suffisamment diminué de volume, à la suite de leur absorption progressive par le noyau solide.

» Un des traits les plus remarquables de la planète Mars consiste dans le grand nombre des passes longues et étroites, et des mers en goulot de bouteille. Cette disposition diffère essentiellement de tout ce que l’on connaît sur la Terre.

» Or, si l’on prend une carte marine, telle que celle de l’océan Atlantique boréal, et que l’on trace les courbes horizontales successives pour des profondeurs de plus en plus grandes, on reconnaît que ces courbes tendent progres-