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LA PLANÈTE MARS.
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tuellement les glaces du pôle nord ne dépassent pas le 80e degré de latitude.

2o Des nuages et des courants atmosphériques y existent comme sur la Terre ; l’atmosphère y est plus chargée en hiver qu’en été.

3o La surface géographique de Mars est plus également partagée que la nôtre en continents et en mers ; il y a un peu plus de terres que de mers.

4o La météorologie de Mars est à peu près la même que celle de la Terre ; l’eau y passe par les mêmes états que sur notre propre globe, mais sans doute à des degrés de température différents.

5o Les continents paraissent recouverts d’une végétation rougeâtre.

6o Enfin les raisons d’analogie nous montrent sur cette planète, mieux que sur toute autre, des conditions organiques peu différentes de celles qui ont présidé aux manifestations de la vie à la surface de la Terre.

LXXI. Même année, 1873. — F. Hœfer, Stan. Meunier.

Quelque temps après la présentation de ces résultats à l’Académie des Sciences, notre savant ami le Dr Hœfer objecta à l’explication qui précède sur la couleur de Mars que cette couleur ne doit pas être due à des végétaux, parce qu’elle ne varie pas avec les saisons, et qu’il est beaucoup plus probable que c’est simplement celle du sol.

Celle du sol ? Mais alors ce sol serait nu ! Le soleil, la pluie, l’air le laisseraient stérile à travers les siècles ! Le Dr Hœfer, qui est un partisan fervent de la doctrine de la pluralité des mondes, ne peut admettre cette stérilité, contraire à tous les effets connus des forces de la nature. Il faut bien qu’il y ait quelque chose sur ces terrains, serait-ce de la mousse, ou moins encore.

L’objection de l’invariabilité de la couleur pendant l’année martienne n’est pas fondée, et il suffit de voir les choses un peu largement pour en reconnaître l’insuffisance. Pourquoi astreindre la nature à avoir construit sur Mars des végétaux de même espèce que les nôtres ? Les conditions de milieux, de température, de densité et de pesanteur s’y opposent ; donc la différence qui existe forcément entre la végétation martienne et la végétation terrestre peut parfaitement s’étendre jusqu’aux variations de couleurs. Mais il y a plus : sur la Terre même, la nature répond à cette objection en nous montrant des espèces végétales qui ne changent pas. Dans le Midi, les bois le Nord, le sapin, l’if, le cyprès, le laurier, le fusain, le buis, le houx, le rhododendron, etc., conservent leur verdure au milieu de la neige. Dans nos latitudes même, l’herbe des prés et mille espèces végétales ne varient guère. Pourquoi donc rejeter une explication si simple, quand, sur la Terre même,