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CROSLEY, GLEDHILL, BURTON. — DESSINS.

inférieure ou boréale est relevée vers la Terre et se montre ronde et brillante. On reconnaît la mer du Sablier, et la région circumpolaire australe se montre entourée, vers le 30e degré de latitude, d’une bande sombre, d’où trois langues descendent vers le Nord. Sur deux croquis on remarque, contiguë à la tache polaire inférieure ou boréale, une tache sombre en forme de ballon, dont la pointe toucherait la neige polaire. (Cette figure ressemble un peu à celle de Burton du 23 mars 1871, que l’on verra tout à l’heure, celle de Gledhill est du même jour et de la même heure : la configuration était donc cerlaine.) Nous indiquons ces six dessins sans les reproduire, on les retrouvera, cn lithographie, dans la publication précitée ; nous donnons seulement (fig. 129) celui du 4 avril 1871 (11h) : les deux caps polaires sont en vue ; la mer du Sablier est au méridien central.

Le solstice d’été de l’hémisphère nord de Mars est arrivé le 2 mars ; l’opposition, le 19 mars.

M. C.-E. Burton a fait à Longhlinstone en Irlande, à l’aide d’un télescope newtonien de 12 pouces[1], d’excellentes observations en 1871 et 1873, et les a continuées pendant l’opposition de 1879. Nous aurons lieu plus loin, dans notre troisième période, comprenant le cycle fécond de 1877-1892, de nous occuper des dernières et de la carte qui en est résultée. Mais nous devons signaler dès à présent les dessins de 1871 et 1873.

Le point capital des observations de M. Burton est qu’il conclut à des changements considérables à la surface de la planète. Trois dessins de 1871 et quatre de 1873, et, en général, tous ceux qui représentent ce côté de la planète, portent une immense tache sombre en forme de poire ou de ballon, correspondant à la mer Tycho. Elle est voisine du pôle nord et appartient au cercle polaire boréal.

À l’époque des observations, Mars tournait en effet vers nous son pôle inférieur ou boréal. Cette tache paraissait très sombre, d’un vert bleuâtre. « Si c’est une mer, écrivait l’auteur, l’affaissement a considérablement surpassé en étendue et en vitesse ce qui est jamais arrivé d’analogue à la surface de la Terre depuis les temps historiques. »

Cette curieuse observation confirme encore nos déductions précédentes.

Nous reproduisons ici (fig. 130-131) deux des dessins de M. Burton représentant cette mer, faits le 23 mars 1871 et le 7 avril 1813. Plusieurs observateurs ont vu la même forme, notamment M. Terby, à Louvain, le 12 mai 1873, et l’auteur l’a revue constamment pendant les observations de 1873. Cette tache, remarque-t-il, était aussi apparente et aussi caractéristique que la mer du Sablier.

  1. Transactions of the royal Irish Academy, vol. XXVI, p. 427.