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LA PLANÈTE MARS.
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leurs atmosphères qui réfléchissent la lumière solaire, tandis que, sur Mars, c’est surtout le globe planétaire lui-même. Ces deux planètes ont un albedo respectivement quatre et trois fois plus grand que celui du sol lunaire.

La dégradation d’éclat de la Lune, avant comme après la Pleine Lune, tout aussi bien que le grand éclat du bord, peuvent être expliqués par les inégalités de la surface. Zöllner trouve que, pour que ces inégalités produisent les variations d’éclat observées, l’angle d’élévation moyen de ces inégalités devrait être de 52° pour le sol lunaire. Dans la même hypothèse, les changements beaucoup plus rapides de l’éclat de Mars demanderaient pour ses montagnes un angle de 76° en moyenne.

Zöllner donne la Table suivante pour exprimer l’albedo ou le pouvoir réfléchissant, autrement dit l’éclat moyen, de chaque planète

La Lune renvoie 0,174 de la lumière reçue.
Le Sable blanc renvoie» 0,237 de la lumière reçue.»
Mars renvoie» 0,267 de la lumière reçue.»
Saturne renvoie» 0,498 de la lumière reçue.»
Jupiter renvoie» 0,624 de la lumière reçue.»
Le papier blanc renvoie» 0.700 de la lumière reçue.»

On voit que, d’après ces évaluations, Mars garderait les 733 millièmes ou plus des 7 dixièmes de la lumière solaire qui lui arrive, et n’en renverrait dans l’espace que les 267 millièmes, tandis que Jupiter avec son atmosphère nuageuse paraît presque aussi brillant que du papier blanc et renvoie plus des 6 dixièmes de la lumière qu’il reçoit. Mars utiliserait donc pour lui bien plus de rayons solaires que Jupiter.

Seidel[1] avait trouvé pour l’éclat de Mars relativement aux étoiles :

Mars en opposition = 2,97 × Véga,

soit près de trois fois celui de Véga, observations faites à l’aide du photomètre objectif de Steinheil. Relativement au Soleil, Zöllner a trouvé avec son photomètre :

Mars en opposition = 1/6 994 000 000 × Soleil.

Cette détermination de Zöllner correspond à une grandeur d’étoiles −2,25.

Jules Schmidt[2] a déterminé, par de nombreuses observations, les dates auxquelles Mars devient égal en éclat à diverses étoiles de première grandeur. Appelant le rayon vecteur de la planète à un moment donné et sa distance à la Terre au même instant, il trouve, par exemple, que

Mars = Sirius, quand = 1,944
= Aldébaran,  1,258.
  1. Bayerische Akademie der Wissenschaften, München. 1859.
  2. Astr. Nach., t. XCVII. 1880, p. 93.