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LA PLANÈTE MARS.

bres grises à peine visibles, sans contours nettement arrêtés ; x, y, z, sont les parties rouge clair de la planète.

II. 10 novembre, 9h 30m. Les taches sont restées les mêmes, modifiées seulement par la rotation. La tache b s’est beaucoup augmentée en d ; la bande f, que je n’avais fait que soupçonner, apparaît très distinctement. Quant à la neige polaire inférieure, elle se montre divisée en deux parties séparées par un intervalle sombre.

III. 15 novembre, 9h 30m. Les progrès de la rotation commencent à influer beaucoup sur la forme des taches. La tache a a perdu complètement son aspect primitif et descend beaucoup plus vers le Nord ; b s’est encore agrandie vers c ; quant à cette dernière partie, elle est, ainsi que d, très faiblement éclairée dans les environs de b ; le continent rougeâtre x est arrivé vers le milieu de la figure et a atteint son plus grand développement ; s semble à peu près disparue, car les environs du pôle nord sont presque aussi sombres que h et f. Tout l’hémisphère nord semble couvert d’innombrables petits nuages gris.

IV. 20 novembre, 7h 45m, La tache a est tout près de disparaître, b a atteint le milieu de la figure et, dans la partie ouest, c est ainsi que d plus nettement visible qu’auparavant. u est une partie claire entre les taches b, c et d ; quant à w, c’est une nouvelle tache rouge clair.

À remarquer l’extraordinaire obscurité de la tache f, qui semble se rencontrer avec d.

V. 20 novembre, 9h 20m. Ce dessin a été fait le jour même, deux heures plus tard ; les taches principales sont plus rapprochées du méridien central de la planète et présentent, par conséquent, plus de détails à observer ; c est bien plus vaste et plus net ; u se distingue plus facilement, comme une séparation ; f se réunit à d au point q, une nouvelle tache, p, est apparue.

VI. 22 novembre, 9h. L’intervalle entre ce dessin et le dessin no IV embrasse presque deux périodes de rotation de Mars. La seule modification est en r : la neige du pôle nord semble s’étendre beaucoup plus vers le Sud, mais sans limites bien définies, À remarquer la teinte sombre des parties nord de la tache b et de la pointe de d.

Telles sont les observations de von Franzenau. Ce qu’elles offrent de plus remarquable, c’est, d’une part, leur conformité avec celles de Beer et Mädler, conduisant à l’opinion de la permanence des configurations, et, d’autre part, un détail assez curieux, celui d’un isthme blanc au-dessus de la mer du Sablier, visible sur les dessins IV et VI, des 20 et 22 novembre. (Nos lecteurs ont reconnu cette mer dans la tache d.) Était-ce une bande de nuages ? Ce n’est pas probable, car on retrouve cette même solution de continuité sur des dessins de Mädler en 1841 (voy. p. 119), W. de la Rue en 1856 (p. 128), lord Rosse en 1862 (p. 167). Est-ce une profondeur moindre, et variable, de la mer ? Ces divergences seront discutées plus loin. Les dessins de Franzenau nous conduisent donc encore à notre double conclusion : permanence et variations.