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ANALYSE SPECTRALE DE L’ATMOSPHÈRE DE MARS.

les raies B et a du spectre solaire, ils constatèrent la présence de trois lignes fortes.

Vers la raie F du spectre solaire, c’est-à-dire au commencement du bleu, immédiatement après le vert, le spectre de Mars montre un grand nombre de bandes d’absorption qui diminuent considérablement son éclat. Ces bandes fortes sont à peu près équidistantes, et se continuent jusqu’à l’extrémité violette du spectre. L’absorption de ces bandes est évidemment la cause de la prédominance des rayons rouges dans la lumière de cette planète. L’appareil spectral à grand pouvoir dispersif résout ces bandes en groupes de lignes.

La conclusion de cet examen est que, d’abord, Mars ne brille que par la lumière solaire réfléchie, et renvoie comme un miroir une image du spectre solaire. Ensuite, son atmosphère donne naissance aux raies d’absorption dont nous venons de parler. Qu’est-ce que ces raies spectrales indiquent ? Nous le saurons bientôt.

Au mois d’août 1864, MM. Huggins et Miller ont remarqué que l’éclat du spectre de Mars avait diminué d’une manière remarquable vers la ligne F, par suite d’une série de groupes de lignes assez fortes et équidistantes commençant vers la raie F et se continuant vers la ligne la plus réfrangible du spectre. Au mois de novembre 1864, ces lignes étaient beaucoup plus faibles et pouvaient à peine être distinguées des lignes nombreuses appartenant au spectre solaire. L’impression de M. Huggins a été que la lumière de Mars, les 10 et 27 août, se montrait plus rouge et que les taches se voyaient plus distinctement qu’au mois de novembre. « Si cette opinion, dit-il, était contrôlée par les autres observations, on pourrait admettre que, vers la fin de l’année, l’atmosphère de Mars a été plus chargée de brouillards et de vapeurs. Ces brumes réfléchiraient une partie considérable de la lumière incidente, et par là ombreraient et cacheraient les couches inférieures de l’atmosphère de la planète ainsi que la surface du sol d’où provient probablement la couleur rouge ; c’est cette couleur qui donne probablement naissance aux lignes d’absorption qui affaiblissent les rayons bleus et violets du spectre de Mars. Par une série d’observations télescopiques et prismatiques correspondantes, on pourrait sans doute faire des études efficaces sur la météorologie de la planète. »

Les recherches faites en Allemagne, par Vogel, s’accordent avec celles faites en Angleterre et aux États-Unis, sur les lignes d’absorption du spectre atmosphérique de Mars.

En réponse à une question de M. Pritchard : si un simple brouillard produirait dans le spectre de la planète des lignes indicatrices des substances qui le composeraient, M. Huggins répond que le brouillard n’a aucune