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KAISER.

cercle de neige. À gauche de la mer du Sablier, la région est brumeuse. Ce dessin est complet, en conformité parfaite avec notre carte construite sur l’ensemble des observations (p. 69). Il semble donc que ce jour-là (5 octobre 1862, à minuit 35m) l’aspect de la planète n’était modifié par aucun nuage. Les tons eux-mêmes sont notés.

Le deuxième dessin nous montre la mer Terby, l’océan de la Rue qui la surmonte, la mer Schiaparelli à droite. Au lieu de la Manche, on voit une traînée brumeuse. La neige polaire est détachée du bord.

Sur le troisième dessin, nous trouvons le détroit d’Herschel II et la baie du Méridien : ce ruban sombre se montre tout à fait détaché du fond clair, comme au temps de Mädler, seulement, au lieu d’être circulaire, la baie est rectangulaire et terminée par deux pointes. Cette baie a été vue fourchue pour la première fois par Dawes, le 22 septembre 1862, à l’aide d’un objectif d’Alvan Clark de 8 pouces 3/4. Au-dessus, la mer Lambert ; à gauche, la mer du Sablier. L’île Phillips est très claire.

Le quatrième figure semble réunir la première et la troisième.

On peut comparer avec intérêt la fig. 1, du 5 octobre, à la fig. 98 (p. 157) de Lockyer du 3 octobre, à 11h 23m, et à la fig. 4 de lord Rosse du 6 octobre (p. 167) : elles s’accordent toutes les trois, en laissant la marge qu’il convient aux facultés d’observations de chaque astronome et aux divergences inévitables du dessin. On éprouvera la même impression en comparant la fig. 2 à celles de Lockyer du 17 septembre. Toutes ces configurations existent, sans l’ombre d’un doute. Mais on les distingue plus ou moins bien.

Ainsi se précise graduellement dans notre esprit la forme géographique réelle de la surface martienne. Son analogie avec la Terre comme distribution de cette surface en continents et en mers s’affirme de plus en plus avec le progrès des observations.

Cette précision va s’accroître encore et très rapidement, par les six excellents dessins de 1864, que nous mettons maintenant sous les yeux de nos lecteurs (fig. 112 à 117).

Dans le premier (fig. 112), nous retrouvons la baie du Méridien, élargie et confondue avec la mer voisine, la baie Burton, élargie et doublée, la baie Christie. Tout cela paraît trop large.

Dans le deuxième (fig. 113), nous reconnaissons la mer du Sablier, très foncée, et au-dessus l’océan Dawes, la terre de Lockyer. Au-dessous de la mer du Sablier, la passe de Nasmyth. Sur la droite du disque, une traînée inconnue (qui pourrait être l’Euphrate de M. Schiaparelli, avec lequel nous ferons plus loin connaissance).

Dans le troisième dessin de Kaiser : l’Œil ou mer Terby, la terre Copernic, au-dessous, une traînée sombre ; à droite, la mer Schiaparelli (fig. 114).