Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 1, 1892.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
LA PLANÈTE MARS.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

peu à sa façon, selon son œil et son exercice, et dessine également à sa manière. M. Faye nous racontait l’autre jour que s’étant essayé à dessiner Mars un beau soir à l’Observatoire de Paris, du temps d’Arago, en compagnie d’un de ses collègues (Goujon), et ayant ensuite comparé leurs dessins, faits au même instrument et au même quart d’heure, les deux croquis se ressemblaient à peine. Nous avons fait plus d’une fois la même remarque.

LII. Même année, 1862. — Lassell.

La même année encore, M. Lassell a fait, à l’aide de son grand télescope de 4 pieds anglais (1m20) de diamètre, une série d’observations remarquables et a communiqué notamment à la Société royale astronomique de Londres vingt-quatre dessins pris depuis le 13 septembre jusqu’au 11 décembre 1862. Nous choisissons, parmi ces croquis, les huit plus curieux pour les offrir à nos lecteurs. Voici l’ordre de leurs dates :

1er, 25 septembre ; 2e, 27 septembre ; 3e, 11 octobre ; 4e, 13 octobre ; 5e, 23 octobre ; 6e, 25 octobre ; 7e, 4 novembre ; 8e, 5 novembre.

Les grossissements employés ont été de 474 et de 760.

La calotte neigeuse du pôle supérieur ou austral est nettement visible sur tous les dessins. L’observateur remarque que les taches ont varié pendant les observations. Ainsi, dit-il, la face présentée le 27 septembre est la même que celle du 5 novembre, et pourtant les figures ne se ressemblent guère, et il en est de même des autres.

L’auteur en conclut à des changements sans doute produits par des nuages assez denses, d’une grande étendue et d’une grande variété de formes.

Cette conclusion n’est pas aussi absolue qu’elle le semble à l’auteur, car une différence d’une heure ou deux amène parfois un changement sensible. La différence entre les dessins du 27 septembre et du 5 novembre est dans ce cas : la mer du Sablier est plus avancée vers la gauche dans le premier que dans le second.

Nos lecteurs reconnaîtront très distinctement, sur les figures des 4 et 5 novembre, la mer du Sablier avec les mers Flammarion et Hooke à gauche, la mer Zöllner au-dessus, le détroit d’Herschel II à droite, et au-dessus le détroit Arago et la mer Lambert  sur les croquis des 23 et 25 octobre, la mer Terby, l’océan de la Rue et les trois baies (Christie, Burton et du Méridien). Ces deux derniers dessins s’accordent bien avec ceux de Lockyer, de lord Rosse et de Secchi pour montrer au-dessous de l’Œil une région très foncée, dont nous constaterons bientôt la variabilité.

Il est digne d’attention que les vues de la planète prises à l’aide des gigantesques télescopes de lord Rosse et Lassell, ne contiennent pas plus de détail que celles obtenues à l’aide d’instruments de moyenne puissance.