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LA PLANÈTE MARS.

30 décembre 1610, il écrivait au P. Castelli : « Je n’ose pas assurer que je puisse observer les phases de Mars ; cependant, si je ne me trompe, je crois déjà voir qu’il n’est pas parfaitement rond. » Kepler signale les phases de Mars dans son Epitomes Astronomiæ, Liv. V, Part. V (1621), où il nomme la plus grande phase de Mars « perfectio phases dichotomæ ». Mais il ne dit point l’avoir observée et ne traite le problème qu’au point de vue géométrique.

Cependant, ces instruments allaient en se perfectionnant assez rapidement. Un grand enthousiasme animait les cœurs. On aurait voulu pouvoir découvrir sans retard les habitants de la Lune ou tout au moins leurs œuvres ; on frémissait d’impatience ; on fondait d’immenses lentilles qui restaient troubles et remplies d’imperfections ; on inventait de nouvelles combinaisons d’oculaires pour accroître la netteté des images, mais l’art et l’industrie ne marchaient pas aussi vite que les désirs. Dès l’année 1636, néanmoins, c’est-à-dire vingt-sept ans seulement après la première lunette de Galilée, un savant napolitain, Fontana, parvenait à construire lui-même, comme Galilée et Kepler, une lunette encore plus perfectionnée et obtenait, sous le beau ciel de Naples, des observations assez bonnes des taches de la Lune, des Pléiades, des phases de Vénus et de la planète dont nous nous proposons d’écrire l’histoire.

Voici les observations de Fontana. Nous exposerons successivement toutes les observations, dans l’ordre chronologique, nous les discuterons et comparerons, et nous en déduirons progressivement les conclusions qui en dérivent pour la connaissance de la constitution physique de la planète.

I. 1636-1638. — Fontana.

L’astronome napolitain publia ses observations dans un ouvrage intitulé : Novæ cœlestium terrestriumque rerum observationes, Naples, 1655. Nous avons cet ouvrage sous les yeux, et nous sommes heureux d’en offrir les curiosités principales à nos lecteurs[1].

  1. Nous reproduirons ici par la photogravure, et sans retouches de dessinateurs ou de graveurs, toutes les fois que cela sera possible, tous les dessins de Mars que nous nous proposons de réunir. Ce procédé nous permettra de conserver dans cette monographie, les dessins authentiques, exacts, tels qu’ils ont été faits par leurs auteurs ; cette fidélité absolue nous paraît indispensable pour identifier aussi sûrement que possible les dessins modernes aux anciens et pour juger ensuite de la permanence des configurations géographiques de la planète ou de leur variabilité. Ce sera là, nous semble-t-il, la principale valeur scientifique du travail que nous entreprenons ici. Nous possédons la plupart des ouvrages et documents qui vont être analysés, dans la Bibliothèque que nous avons longuement formée pour notre Observatoire de Juvisy. Mais, pour certaines pièces anciennes et rares, nous avons dû recourir à la Bibliothèque